mercredi, avril 24, 2024

Guinée et Afrique: les prévisions politiques d’André Silver Konan en 2015

En janvier dernier, à l’occasion de mes traditionnelles prévisions de début d’année, j’avais annoncé que le PDCI choisirait Alassane Ouattara comme son candidat et que Maurice KacouGuikahué qui avait été désigné pour coordonner le secrétariat exécutif pendant six mois, serait reconduit de façon définitive.

J’avais déclaré qu’Amadou Soumahoro ferait encore des gaffes, mais resterait à la tête du RDR ; que Daniel KablanDuncan resterait Premier ministre, que les Eléphants ne brilleraient pas au Mondial et que Sabri Lamouchi jouerait son poste de sélectionneur.

J’avais surtout annoncé que les charges contre Laurent Gbagbo à la CPI, seraient confirmées mais que la mobilisation de ses partisans ne faiblirait pas ; que Simone Gbagbo ne serait pas transférée à La Haye, de même que Charles Blé Goudé. Sur ce dernier point, je n’ai pas vu juste. Comme pour dire que mes prévisions ne sont pas une science exacte encore moins des prophéties, mais un jeu de décryptage froid de la situation, qui peut néanmoins évoluer dans un sens souvent inattendu. En 2015, voici mes prévisions.

En Côte d’Ivoire

Le Président Alassane Ouattara sera réélu sans grande difficulté à la présidentielle de cette année. Je pense même qu’il sera réélu dès le premier tour, à moins qu’il ait en face de lui un candidat dont la popularité aurait cru de façon exponentielle, de maintenant à octobre, ce qui, pour l’heure, n’est décelable chez aucun candidat déclaré. Par contre, le taux de participation sera largement inférieur à celui du scrutin de 2010.

A mon avis, le challenger le plus sérieux de Ouattara à cette élection sera Charles Konan Banny. L’ex-Premier ministre sera battu. Ses véritables défauts étant son hésitation à s’investir davantage sur le terrain de la campagne de proximité et sa propension à faire trop de calculs financiers, notamment sur le coût de son engagement électoral. Je pense que des brouilles naîtront entre lui et Kouadio Konan Bertin relativement à un soutien qu’il espère de la part de ce dernier, qui refusera de se retirer en sa faveur. KKB, 47 ans, joue son avenir politique et financier, pas Banny, 78 ans en 2020, qui mène là son dernier combat politique.

Contrairement à ce que les deux hommes espèrent, ils n’auront pas le soutien des partisans de Laurent Gbagbo, pour qui, quoiqu’il advienne : « C’est Gbagbo, on connait ».

Je pense qu’Essy Amara n’ira pas jusqu’au bout, pour des raisons qui lui sont propres, je dirais personnelles. Il ne ralliera pas pour autant le camp présidentiel, après le congrès extraordinaire du PDCI qui débouchera sur une résolution visant à soutenir l’Appel de Daoukro, donc la candidature de Ouattara.

Une convention unique du RHDP sera organisée et Ouattara devrait choisir un directeur de campagne national issu du PDCI. L’ancien Premier ministre Jeannot Kouadio-Ahoussou a le profil du poste : directeur de campagne du candidat Ouattara au deuxième tour de la présidentielle de 2010, il a été son Garde des Sceaux puis son Premier ministre et connait bien les dossiers de l’Etat. En outre, il est le président du plus puissant groupement politique de l’heure : l’Association des élus et cadres PDCI du Grand centre, une zone dans laquelle le challenger principal du Président-candidat, natif de Yamoussoukro, voudra faire le plein de voix.

Quant à Mamadou Koulibaly, il ne fera pas mieux que son score qu’il a obtenu lors des législatives à Koumassi. Quant à Pascal Affi N’guessan, il s’entêtera à se présenter et n’obtiendra, évidemment pas les suffrages des militants pro-Gbagbo dont le candidat naturel restera Laurent Gbagbo (qui sera encore en prison), même s’il est sûr qu’il sera le troisième homme de la présidentielle, s’il arrive à se présenter.

Hors de Côte d’Ivoire

A mon avis, Goodluck Jonathan sera réélu au Nigéria, après un scrutin serré, entre lui et son principal adversaire, le général Muhammadou Buhari.

Au Burkina Faso, le futur Président pourrait s’appeller Roch Marc Christian Kaboré. Son parti, le MPP sorti des entrailles du CDP de Blaise Compaoré a de fortes chances de remporter la présidentielle, face à Zéphirin Diabré, qui a aussi les faveurs des prononstics. Diabré a le profil du poste, mais il a un handicap qui n’a aucun rapport avec ses valeurs intrinqèques: son origine. Bissa, il paye le prix d’une réputation faussement sulfureuse dont est affublé ce groupe ethnique au Burkina Faso, un pays majoritairement peuplé de Mossi.

Par contre, son parti pourrait être le grand vainqueur des législatives, et s’il manoeuvre avec subtilité, il pourrait occuper le Perchoir. Le troisième homme de ce scrutin sera sans doute, Djibril Bassolé, dont les proches viennent de créer la Nouvelle alliance du Faso (Nafa). Djibril va certainement démissionner de l’armée, dans les semaines à venir, ce qui confirmerait sa volonté de s’engager dans la course vers le palais de Kosyam. Futur Premier ministre ? Qui vivra verra ! Une chose est certaine, il pourrait bien être le faiseur de roi au scrutin présidentiel.

En Guinée, Alpha Condé devrait être réélu, en dépit d’un bilan mitigé. Je confirme ce que j’avais déjà dit à propos de son opposant Cellou Dalein Diallo. L’ancien Premier ministre sera un jour Président de la Guinée, en dépit de la haine viscérale que des groupes ethniques ont pour les Peuls, dans ce pays, ce que certains leur rendent bien, en retour. Mais je pense que Dalein a plus de chances en 2020 que cette année.

Quant à Faure Gnassingbé, il a de sérieuses raisons de craindre des violences électorales dans son pays, parce que le forcing de son parti, Unir, pourra difficielment passer cette fois-ci. La soif d’alternance au Togo sera plus forte que la peur qu’éprouvent habituellement les Togolais pour les arrestations et brutalités policières. L’opposition se dirigera vers une candidature unique en son sein, ce qui est la seule option pour arriver à l’alternance dans ce pays où le camp présidentiel impose au peuple, un scrutin à un seul tour.

Au Gabon, la seule chance pour l’opposition d’arriver au pouvoir est de soutenir la candidature unique de Jean Ping à la présidentielle. Si cela n’est pas fait, Ali pourra continuer à perpétuer la mainmise du clan Bongo, sur la gestion des affaires de l’Etat, étant donné que dans ce pays, l’on applique aussi hypocritement, le scrutin à un tour.
Quant à Boni Yayi et Joseph Kabila, ils n’ont pas d’autre choix que de quitter le pouvoir après la fin de leur mandat. La grande incertitude nous vient du Congo-Brazza. Denis Sassou N’Guesso partira, partira pas ? Je n’ai pas de réponse précise, même si je pense que sa volonté de se maintenir au pouvoir sera fortement contrariée par une révolte populaire. Celle-ci sera-t-elle assez importante, pour le faire reculer ? Qui vivra verra !

André Silver Konan
Journaliste-écrivain

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