jeudi, avril 25, 2024

Initiative locale : Elle collecte plus de 2.000 masques en faveur des femmes vendeuses

Conakry, Guinée : Camara Saran Traoré est une jeune dame, activiste de la société civile guinéenne depuis deux décennies. A travers une chaîne de solidarité lancée sur les médias sociaux, «grâce aux bonnes volontés », elle a pu collecter 2.350 masques en faveur des femmes vendeuses des marchés de Matoto et Niger à Kaloum.

C’est à la veille du 18 Avril 2020, date d’entrée en vigueur du décret portant sur le port obligatoire de masque, que la distribution de cet important lot intervient.

Au marché Niger à Kaloum, la surprise se lit sur les visages de commerçants. Contrairement aux kits d’hygiène, les masques peuvent contenir dans un sac, invisibles. C’est lorsque Mme Aminata Touré, Mairesse de Kaloum, offre des masques, à une dizaine de vendeuses, à tour de rôle, que l’inquiétude se dissipe.

« Porter le masque est un geste barrière, très important pour se protéger du covid-19 » se réjouit Hadja Aminata Touré, Mairesse de Kaloum, s’adressant ainsi aux vendeuses.

Dans cet important marché de la commune de Kaloum, les secteurs 8 et 9, censés regrouper plus de femmes vendeuses, constituent la cible de l’Administration générale des dits lieux. « Elles sont déjà identifiées », nous confie Lansana Bangoura, Administrateur.

Aux yeux de la mairesse de Kaloum, la gestion de la riposte contre le nouveau coronavirus « doit être gagnée sur le plan communautaire. ». Le renforcement des mesures barrières, exprimé par ce don aux femmes, est à son entendement une « très belle initiative pour la santé ».

Marché Matoto-Une vendeuse du charbon de noir apprécie son masque

A la date du 17 Avril 2020, le tableau de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire affiche 477 cas positifs, 59 guéris, 415 malades hospitalisés et 3 décès.

«Nous devons tout mettre en œuvre pour stopper la contamination par des gestes barrières » fait remarquer Saran Traoré, initiatrice de l’opération de levée de fonds pour l’achat  de masques.

Dans un décret récemment publié, le président de la République, Pr Alpha Condé, pour freiner la chaine de contamination de cette pandémie en Guinée, a rendu obligatoire dès ce samedi 18 Avril 2020, le port du masque pour tout citoyen.

«Vous savez, ce n’est pas à la bourse de tout le monde. C’est ainsi que j ‘ ai pensé à offrir 2000 masques surtout aux femmes vendeuses dans les marchés de la capitale en lançant une initiative de levée de fonds auprès de personnes de bonne volonté » se rappelle Saran Traoré.

Lire aussi : Guinée : Covid-19- « La production locale du masque autorisée » (Dr Sakoba Keita)

Pendant les opérations de distribution, les équipes ont été confrontées à une affluence. Hommes et femmes accourent de partout, pour bénéficier de ces masques faits, localement.

Avec un sourire qui la caractérise, l’initiatrice essaie d’expliquer la discrimination faite aux hommes dans le cadre de cette distribution. Elle explique que les femmes sont la principale parce que « très exposées. »

«Elles sont dans les lieux publics où le respect des consignes sanitaires édictées ne sont pas respectées…Elles parlent à tout le monde et tout le monde leur parle sans aucune forme de mesure prise » s’est-elle efforcée à expliquer.

« Whats’app, canal de collecte »

Le combat contre la pandémie du covid-19 nécessite de la solidarité. Et pour appeler une kyrielle d’âmes sensibles à soutenir une couche vulnérable, Saran Traoré choisit l’application whats’app, puisque « très professionnel et direct ».

« J’en ai discuté avec une ou deux personnes, révèle-t-elle, et je me suis lancée en créant un groupe WhatsApp.  Nombreux donateurs m’ont contacté pour faire leurs dons dans la discrétion. J’ai même dû insister auprès de certains pour qu’ils me permettent au moins de les remercier dans le groupe (rires). Pour moi c’est le geste qui compte. »

Quelques jours de collecte, voilà que Saran Traoré, atteint et dépasse l’objectif : elle peut acheter 2.352 masques au lieu du nombre de 2.000 préalablement visé. Les donateurs, hommes et femmes, de diverses nationalités, ont été sensibles à cette initiative.

«Des masques faits localement »

Occupée à lever de fonds, Saran Traoré est aussi préoccupée par la nature du masque à offrir. Ainsi, elle fait plusieurs aller-retour à l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS). Elle veut savoir si le masque confectionné, localement, est autorisé à être utilisé.

« J’avais préalablement demandé l’autorisation de faire des masques à base de tissus. C’est ainsi que j’ai déposé un échantillon pour validation. J’avoue que l’ANSS a été très satisfaite de la démarche vue la pléthore de masques qu’elle voit et dit n’avoir jamais été consulté pour approbation avant la vente » rappelle l’initiatrice de la chaine de solidarité.

Samedi 11 Avril, au siège de l’ANSS, Dr Sakoba Keita annonce que la production locale du masque, pour lutter contre la pandémie du nouveau coronavirus-covid-19, a été autorisée par le gouvernement et ses partenaires. Un baume au cœur.

En s’informant à travers le Guide sur les masques mis à disposition par l’ANSS, l’activiste nous informe avoir déjà songé à l’entreprise Wakilaré, pour la confection de ces masques.

Wakilare est une entreprise sociale qui a pour objectif de sortir les personnes à mobilité réduite de la mendicité à travers la cordonnerie (fabrication des chaussures), la maroquinerie(sacs et autres) et la couture.

Elle est composée de Sept personnes valides et huit personnes à mobilité réduite qui ont comme projet de sortir définitivement de la mendicité en devenant Entrepreneurs. Wakilare d’un grand atelier à la Bluezone de Kaloum. A cause des mesures édictées dans le cadre de la lutte contre le covid-19, Wakilare a transféré ses activités en sa boutique à Sandervalia.

Bernard Tamba Tenguiano, président de Wakilaré, nous reçoit, sourire aux lèvres. Assis à même le sol, son tricycle à côté, Bernard découpe les morceaux de tissus. Ses collaborateurs, deux hommes et une dame, à mobilité réduite aussi, n’ont pas assez de temps pour s’occuper de nous.

« Les temps sont difficiles avec le covid-19, il n’y a pas d’affaires. Nous confier la confection de ces 2.000 masques est salutaire. Ce projet peut nous aider à passer ce temps de vaches maigres. Deuxième chose, ce projet nous permet de rester tranquilles ici dans la sécurité, car il est très difficile de se déplacer actuellement » fait-il remarquer.

A la Boutique WAKILARE, Sandervalie.

Certains ouvriers en situation de mobilité difficile restent à la maison. La mesure de distanciation sociale est une exigence à Wakilaré. Pour combler le vide, d’autres ateliers de couture sont aussi mis à contribution. Cette entreprise lancée en 2016 est très sollicitée pour la qualité de son travail. Débordée, elle semble rejeter quelques commandes « urgents ».

Seul bémol. « Si le Président de la République, Pr Alpha Condé, ordonne de vendre le masque à 2.500 gnf, nous pouvons le faire à condition qu’on bénéficie d’une subvention. En l’absence d’une subvention, c’est perte énorme pour Wakilare. »

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