jeudi, avril 25, 2024

« Nous avons trop de mal à nous nourrir » : au Nigeria, les pillages d’aide alimentaire se multiplient

Des entrepôts remplis de vivres destinées aux victimes du Covid-19 ont été vidés un peu partout dans le pays en proie à un vaste mouvement de contestation sociale.

Sacs et cartons ont été chargés sur des motos, empilés à la va-vite à l’arrière des voitures ou hissés en équilibre précaire au sommet des crânes. Derrière un check-point tenu par des soldats désemparés, une longue procession de véhicules et de piétons s’étire jusqu’à l’horizon.

La rumeur – sans doute propagée par l’un des gardes chargés de surveiller les lieux ou par un voisin bien informé – a couru dès 5 h 30 du matin, lundi 26 octobre : un hangar rempli de nourriture venait d’être « découvert » à Gwagwalada, une ville de plus de 150 000 habitants, située à une quarantaine de kilomètres au sud d’Abuja, la capitale fédérale du Nigeria. Un de plus, après ceux déjà forcés et vidés méthodiquement ces derniers jours, à Lagos, Port-Harcourt, Kaduna, dans l’Etat d’Osun ou encore dans la ville de Jos.

Tout le monde à Gwagwalada a vite su qu’il y avait là « assez de nourriture pour toute la ville », et la population s’est précipitée dans l’espoir de s’emparer d’un sac de riz, de sucre, de semoule, ou bien d’un carton de nouilles instantanées, tous estampillés « Cacovid », un fonds privé de lutte contre le Covid-19, qui finance une banque alimentaire.

Dans la cohue, un vieil homme épuisé serre contre lui un paquet de spaghettis, assis à même le sol, pendant que des enfants se disputent le contenu d’un sac blanc posé dans la poussière. Timi et sa meilleure amie – 19 ans toutes les deux – courent au bord de la route, en serrant contre elles leur maigre butin enroulé dans un foulard.

Une parole publique inaudible

« Nous avons vu la foule et nous avons suivi ! » lance la jeune Timi d’une voix surexcitée. « Il y avait des gens partout ! C’est énorme là-dedans, il y a beaucoup de nourriture. Regardez ! C’est tout ce qu’on a pu emporter, parce que les gens se battaient. Certains n’ont pas réussi à en sortir vivants », assure-t-elle.

Selon la presse locale, au moins deux femmes auraient perdu la vie lundi à Gwagwalada, piétinées par la foule venue « récupérer ce qui lui appartenait ». Prosper tire sur sa tunique en tissu ankara élimé quand il explique que cette nourriture, « stockée là durant le confinement » selon lui, aurait dû être distribuée depuis bien longtemps. « Ça n’a pas été le cas, donc les gens ont décidé de prendre les choses en main et de ne plus attendre le gouvernement. Maintenant, nous voulons savoir aussi pourquoi ces réserves ont été enfermées et dissimulées ici », précise-t-il.

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