jeudi, mars 28, 2024

Métier de cirage : Thierno Ousmane Diallo tire son épingle du jeu

Conakry-Guinée : Comme le dit le dicton : « Il n’y a pas de sot métier ». Cette assertion corrobore aux réalités que mène l’être humain depuis la nuit des temps. Aujourd’hui, le secteur informel est hypertrophié. Toutes les  activités  génératrices de revenus sont légion et drainent une grande partie de la couche juvénile non scolarisée ou déscolarisée,  abandonnant les villages pour les centres urbains ou des villes. Faut-il rappeler aussi que le métier de cireur constitue une activité de ce secteur qui échappe à la fiscalité. « Pour être cireur, il faut avoir de la baraka et savoir ce que l’on veut dans vie », affirme Thierno Ousmane Diallo qui, depuis 2004, est à Conakry et exerce ce métier avec abnégation.

Généralement, ce sont des enfants de 12 à 16 ans voire plus qui exercent cette profession pour leur survie. Avec de durs labeurs,  Thierno Ousmane Diallo déambule toute la journée le quartier de Wanidara et environnants pour cirer et coudre les chaussures de ses clients. Et pour répondre en partie à la pensée selon laquelle « le savoir, ce n’est jamais qu’un degré, un degré pour être ». Et Ousmane s’est engagé à respecter cette maxime. C’est pour cette raison qu’il est monnaie courante chez lui d’effectuer les déplacements constants, de sillonner des différents quartiers et parfois des bureaux de l’administration publique.   

Interrogé sur le choix de ce métier, Thierno Ousmane Diallo ne passe pas par quatre chemins : « J’ai choisi ce métier pour avoir beaucoup d’argent, réaliser mes projet et aider mes parents au village », martèle le jeune Diallo qui affirme qu’il peut gagner 30.000 à 50.000 fg par jour. Les difficultés qu’il rencontre ne doivent pas perdre de vue la variation des prix de leurs matériels. Quand on sait que la grande boîte de cirage s’achète entre 15 000 à 25 000 fg tandis que la petite de 5 000 à 10 000 fg. Ceci concerne aussi les boîtes de cirage de qualité communément connues sous la marque kiwi qui coûtent plus chères et exigés par les clients.   

Comment Thierno Ousmane Diallo a-t-il eu accès au métier de cireur ? « C’est grâce à mon frère Mamadou Yéro Bhoye Diallo qui pratiquait  ce métier à Conakry que je me suis aussi intéressé au cirage. Pour mémoire, vous retiendrez que mon grand frère Bhoye et moi, étions tous au village pour aider les parents dans les différents travaux champêtres et à paître les animaux. Contre toute attente, mon grand frère Bhoye tombe malade et rejoins d’autres frères à Conakry pour se traiter. Arrivé là, ceux-ci s’occupent bien de lui jusqu’à la guérison. Après un temps de repos et d’observation, Bhoye propose  à ses tuteurs de l’initier au métier de cireur. Proposition que ses frères ont acceptée. Alors doté de matériels, Mamadou Yéro se lance dans la bataille. Plus tard, il bénéficie du soutien des autres cireurs et intègre officiellement le groupe ou la structure des cireurs, bien organisée. Il travaille dure et se fait des économies tout en optant pour la thésaurisation, une manière de sécuriser ses avoirs. Quelques années après, Yéro prend la décision d’aller rendre visite à ses parents à Bowè dans la Préfecture de Télémelé. En allant, il paya assez de choses importantes pour ses parents et il prévoyait un peu d’argent  pour eux. Une fois à Bowè, Yéro est bien accueilli en cette période de labour des champs. J’étais impressionné par le colis que mon frère Yéro avait envoyé pour la famille. En venant, il apporta même son matériel de travail. Attiré par ces outils, j’ai décidé de pratiquer aussi le métier de cireur qu’exerce mon grand frère Bhoye à Conakry. Alors emporté par la profession, Thierno récupère tout le  matériel de cirage de son frère Bhoye qui, malade, a fini par rendre l’âme ». Ce fut l’occasion pour Thierno Ousmane de convaincre ses parents d’accepter de se rendre à Conakry et remplacer son grand frère Yéro Bhoye. La prière de Thierno est donc exhaussée. Quelques jours après, Thierno est à Conakry exerçant le métier de cireur comme son frère défunt.  Après un an d’exercice, le jeune garçon est sollicité par ses parents qui lui ont demandé de se retourner et resté avec eux au village. De répondre à l’appel de la famille, Ousmane Diallo a usé d’arguments possibles pour sensibiliser ses pauvres parents qui finalement ont accepté de laisser partir leur fils. Thierno est de nouveau à Conakry pour continuer le travail. Durant deux ans, il travaille sans relaxe et gagne de l’argent. A Bowè, le jeune Diallo se rend cette fois-ci pour construire  une maison à ses parents. « Ça n’a pas été du tout facile quant on sait qu’exercer le métier de cireur n’est pas donné à tout le monde. Mais avec patience, courage, compréhension, on peut toujours réussir », martèle Ousmane Diallo qui devait ajouter : « Pendant l’exercice du métier, nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés et exposés à toutes les intempéries de la nature (pluies, soleil…) ». Sans compter le problème de nourriture. « Je peux rester parfois une journée sans rien manger par peur de ne pas toucher mes petites recettes. Parce que c’est dans ça que j’assurais aussi ma dépense. Il y a également des cas de  maladies qui se poser à tout moment. C’est qu’au finish, il faudra fonder son propre foyer, c’est-à-dire se marier ».

Thierno Ousmane Baldé qui n’hésite plus à affronter n’importe problème invite le gouvernement à instaurer la paix dans le pays. Sans laquelle, il ne peut y avoir de développement. « Personnellement, je continuerai à déambuler les quartiers de Conakry malgré toutes les souffrances liées  au métier de cireur pour exercer honorablement cette profession que j’ai choisi pour la survie », conclut-il.

Ainsi va la vie de ces cireurs qui ont même perdu l’habitude de marcher la tête haute pour ne regarder que les chaussures poussiéreuses des clients.  

Saraf Dine Condé

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