Une quarantaine de personnalités politiques du continent ont assisté à la convention de Charlotte et à l’investiture officielle de Barack Obama pour la présidentielle de novembre. « Donner aux dirigeants du monde entier l’occasion de voir de près le processus démocratique américain. » Tel est, pour Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’État de Bill Clinton et présidente de l’ONG National Democratic Institute (NDI), le sens de la présence des 350 personnalités étrangères à la convention nationale démocrate organisée du 3 au 6 septembre à Charlotte (Caroline du Nord).
Une quarantaine d’entre elles sont venues d’Afrique. « Par souci d’équilibre, nous avons tenu à inviter les représentants des partis au pouvoir ainsi que ceux de l’opposition », s’empresse de préciser Chris Fomunyoh, directeur régional au NDI.
Les Africains conviés à cet événement ont ainsi assisté, le 6 septembre, à l’investiture officielle de Barack Obama comme candidat du Parti démocrate pour la présidentielle du 6 novembre. « On a vu le rêve américain dans toute sa splendeur, raconte Sidya Touré, l’ancien Premier ministre guinéen, présent à la cérémonie. J’ai été ému par le discours de Julian Castro [maire de San Antonio, Texas, NDLR]. Ce jeune leader démocrate d’origine hispanique nous a démontré à travers son dur parcours qu’aux États-Unis chacun, quelle que soit son origine sociale, peut accomplir ses rêves à force de travail et de détermination. »
Modèle américain
À l’instar de Barack Obama en 2004 à Boston, c’est ce Latino de 37 ans qui a prononcé à Charlotte le keynote speech, l’un des discours phares de la convention. « Preuve qu’ici le renouvellement de l’élite du parti est une machinerie permanente, observe Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale de la RD Congo. Nous autres Africains devons nous en inspirer. Encourager davantage, dans nos partis, les débats internes pour favoriser l’émergence de nouvelles figures. »
Un modèle américain également salué par Jaynet Kabila, députée congolaise et soeur du président. « Les échanges ont surtout porté sur l’avenir des États-Unis, et non sur des intérêts particuliers », relève-t-elle. « C’est différent de chez nous, où on se bat parfois comme des chiffonniers », ajoute Sarah Serémé, élue du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir au Burkina Faso.
Si Soumaïla Cissé applaudit lui aussi cette « démonstration d’une démocratie américaine apaisée, sans partisanisme béat », l’ancien ministre malien, dont le nord du pays est contrôlé par des groupes islamistes, estime que la politique africaine des États-Unis constituait le talon d’Achille de cette convention. « Il n’y a pratiquement pas été question de la lutte contre le terrorisme », lâche-t-il. Avec un brin de frustration.
JeuneAfrique