Ministre de l’Agriculture sous Dadis Camara, Abdourahmane Sanoh est l’un des premier à démissionner (ndrl : le 12 octobre 2009) du gouvernement au lendemain des tueries du 28 septembre. Il est le Président de la dernière née des plates formes de la société civile. GuineeTimea eu un entretien avec le président de la PCUD en marge d’une rencontre sur la loi d’accès à l’information publique. Au menu ? La crise, la ceni, la société civile…
La crise politique guinéenne pourrait être plus longue. Ce n’est pas exagéré de le dire …
Je crois que cela n’est pas exagéré malgré le fait que nous disposions d’une loi organique. Tout dépend de la responsabilité que les acteurs politiques voudraient assumer dans la perspective d’une sortie de crise. Le CNT (conseil national de la transition) vient de voter une loi qui dans le fond ne permet que de faire un peu de répit par rapport à la crise. C’est à dire que c’est un report de la crise. Ce n’est pas une loi qui règle le problème auquel nous sommes confrontés. Et c’est assez préoccupant.
Quels sont les vrais éléments qui pourront aider à sortir de la crise ?
Nous (pcud) avons fait une déclaration le 29 mai dernier que nous avions envoyée au CNT, à certains acteurs politiques et au président de la République. Nous pensons qu’il faut d’abord que le gouvernement prenne l’initiative d’un dialogue tendant à restaurer la confiance dans le climat politique. Cela est de son ressort. Nul autre ne peut jouer un rôle efficace à ce niveau pour autant que la démarche soit une démarche visant effectivement une sortie de la crise. Il faut qu’elle repose sur une véritable sincérité. Il ya aussi les acteurs politique.
Aujourd’hui la crispation est au niveau des échéances électorales qui laissent à couvrir, mais il se trouve que l’institution qu’on ne parvient pas à comprendre que l’institution qui gère les élections doit être dépolitisée. Les acteurs politiques doivent êtres des leaders, ils doivent être suffisamment responsables pour comprendre que dans une compétition on ne peut pas constituer le corps arbitral par les représentants des différentes équipes.
Vous voulez dire que la Ceni doit se vider des représentants des partis politiques ?
Nous, nous militons pour une CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) technique, qui a un cahier de charge très claire. A coté de cette CENI, nous souhaitons qu’un observatoire soit crée où tout le monde peut éventuellement se rencontrer ; la société civile et les partis politiques pour pouvoir être prêt à toutes les étapes de gestion des processus électoraux. Il faut laisser la gestion des élections à un organe indépendant. La Guinée est dans un contexte suspicieux. Qu’on soit acteur de la société civile ou qu’on soit acteur politique, tout le monde suspecte tout le monde. Et dans ce cas il faut trouver un schéma où, on pourrait réduire la suspicion par le renforcement de la transparence mais faire en sorte aussi que tout ce qui peut amener à des blocages soit systématiquement évité et donner la force à la loi et au contrôle.
La manière dont la question de la CENI a été réglée par le CNT convient apparemment à toutes les parties. Les différents acteurs sont d’ailleurs invités à désigner leur représentant pour la future CENI. Au niveau des organisations de la société civile, il semble qu’il y a conflit autour des postes à pourvoir…
Je ne suis pas au courant d’un conflit éventuel. Je sais tout simplement, aussi bien au niveau de la société civile qu’au niveau des organisations qu’il y a des velléités de pouvoir s’approprier des anciens acquis. Je pense qu’il serait suffisamment responsable de la part des uns et des autres de voir que la Guinée est à un tournant décisif et que les égaux doivent s’effacer au profit de l’intérêt général.
Personne n’a le droit de s’approprier une position publique parce qu’elle ne peut pas être aliéné. Et j’estime que du coté de la société civile des concertations vont avoir lieu. La PCUD invitera les uns et les autres à retrouver afin de voir comment nous pourront choisir en toute responsabilité le représentant de la société civile au niveau de la CENI. Malgré le fait que nous soyons persuadé que la loi qui permet cette restructuration de la ceni ne règle pas le problème de la Guinée. Elle ne fait que déplacer le problème et c’est dommage pour la Guinée. C’est un report de conflit. Au lieu de résoudre un conflit demain par exemple on le reporte pour deux ou trois jours après. Cette loi ne règle pas fondamentalement notre problème. Le CNT n’a pas été suffisamment courageux.
Vous participez en tant que militant de la société civile à l’atelier régional de renforcement des capacités des journalistes et acteurs de la société civile sur la loi d’accès des citoyens à l’information publique. Le tout ne se limite pas à la loi…
Cela revient à la problématique de la gouvernance et à celle de la responsabilité collective. Je voudrais féliciter osiwa et le rejeg pour avoir initié cette rencontre régionale pour la promotion de l’accès à l’information, la loi et la promotion de la redévabilité. Les lois existent en Guinée et elles ont toujours existé. Mais le mépris dont est victime la loi, hypothèque notre sécurité collective. Et c’est à ce niveau que nous interpellons les gouvernants pour que la loi soit respectée sans exclusive. Et que nous puissions appliquer la loi de manière impartiale et que la loi prime sur tout. C’est le meilleur moyen dont disposent les gouvernants et même les acteurs politiques pour restaurer la confiance entre eux et les citoyens. Sinon au delà de nos passions pour telle ou telle obédience politique, nous demeurons citoyens au dessus du comportement des acteurs politiques en ce sens que nos lois ne sont pas respectées. Il faut donner force à la loi pour que nous puissions amorcer un départ de gouvernance.
Entretien réalisé par Monique Curtis