L’attaquant colombien Falcao représente une aimable exception. Figurant dans le onze type de l’année désigné par la FIFA et la Fifpro (le syndicat des joueurs) lors de la remise du Ballon d’or 2012, ce lundi à Zurich, l’avant-centre de l’Atlético Madrid y côtoie cinq représentants du Real Madrid (Casillas, Marcelo, Ramos, Xabi Alonso, Cristiano Ronaldo) et cinq éléments du FC Barcelone (Daniel Alves, Piqué, Xavi, Iniesta et Messi)
La présence de l’actuel deuxième meilleur buteur du championnat d’Espagne évite le monopole plénier des deux grands rivaux de la Liga sur cette sélection fantasmée. Ce casting 100 % ibérique met surtout en lumière la prévalence en Europe du modèle de jeu pratiqué au-delà des Pyrénées. A la grande joie de la presse locale, laquelle a souligné ce triomphe dans ses pages, et sur sa « une », comme Marca qui titrait : « Spain !!! »
Ce onze type version 2012, élu sur vote des 50 000 joueurs membres du syndicat des footballeurs professionnels (Fifpro), diffère sensiblement de celui déterminé par la Fifa pour l’année 2011. Si Blaugrana et Merengue raflaient neuf postes-clés, Wayne Rooney et Vidic, stars de Manchester United, atténuaient cette mainmise ibérique. Cette tendance s’était néanmoins affirmée avec la sélection 2010 lorsque les tauliers du Real Madrid et les ténors de la formation catalane se virent attribuer huit postes.
MISSION ACCOMPLIE
Depuis la victoire de l’équipe d’Espagne au Mondial 2010, les critères du collège électoral réuni par la FIFA pour l’attribution du Ballon d’or semblent calqués sur les standards techniques esquissés par la Roja. De fait, six membres de la sélection ibérique, vainqueurs à l’Euro 2012, figurent dans l’équipe de l’année définie par la FIFA. Vicente Del Bosque, le sélectionneur espagnol, a ainsi reçu, ce lundi au Palais des congrès de Zurich, le Ballon de cristal, trophée récompensant le meilleur entraîneur. Pour ce prix, les deux autres finalistes étaient les rivaux José Mourinho et Pep Guardiola, maîtres tactiques de la Liga version 2011-2012.
Depuis leur strapontin, Florentino Pérez et Sandro Rossel, les dirigeants madrilène et barcelonais, ont pu savourer cette razzia opérée par leur club sur ces « Oscars » du football mondial. De par l’identité des trois finalistes pour l’obtention du Ballon d’or, Galactiques et Blaugrana étaient assurés de dominer la cérémonie zurichoise. Au sein du clan catalan, une solidarité de circonstance était de mise. « Je veux partager ce trophée avec mes coéquipiers du Barça et spécialement avec Andrés Iniesta. Je suis très fier de l’avoir avec moi ce soir », a notamment déclaré Lionel Messi après l’obtention de son quatrième Ballon d’or consécutif. « Le fait que nous ayons tant de représentants d’une même équipe signifie que nous avons rempli notre mission », a renchéri Andrés Iniestia.
L’Europe du football est-elle pour autant devenue bipolaire ? Sur un plan sportif, les deux superpuissances érigées en modèle n’ont pas vraiment brillé en 2012 sur la scène continentale. A la différence de l’Atlético Madrid, vainqueur de la Ligue Europa et de la Supercoupe d’Europe, le Real Madrid et le FC Barcelone n’ont guère joué leur rôle d’ambassadeurs. Respectivement éliminés par le Bayern Munich et Chelsea au stade des demi-finales, le Real Madrid et le FC Barcelone n’ont pas réussi à s’offrir un duel au sommet pour le titre en Ligue des champions. Etrangement, les deux finalistes de l’épreuve ont été totalement écartés du palmarès du Ballon d’or. Comme si la FIFA souhaitait, à travers cette cérémonie cousue de fil blanc, simplement confirmer la prégnance d’une culture footballistique sur les autres.