dimanche, décembre 22, 2024

Violences : Baadiko sort du trou et fait appel à la Communauté internationale

 Mamadou Bah Baadiko, coordinateur d’une alliance politique, s’est fendu il y a quelques heures une déclaration dans laquelle il souhaite un soutien des  » frères africains ».

 

 » Depuis quelque temps, il se développe dans notre pays une situation d’une extrême gravité qui ne peut laisser indifférent aucune Guinéenne ni aucun Guinéen conscient des enjeux énormes du moment. Le blocage politique né de la volonté du pouvoir d’organiser des élections législatives à ses conditions exclusives, ajouté au refus de dialogue sincère entre toutes les composantes de la scène politique, a atteint un point critique. La tentative de restauration du Parti-Etat totalitaire et la politique de discrimination et d’exclusion ne pouvaient conduire qu’à cette catastrophe.

Le pouvoir de l’Arc-en-ciel, tout en prétendant «accepter» du bout des lèvres les manifestations de l’opposition conformes à la Constitution, organise des contre-manifestations et des représailles massives contre les Guinéens supposés soutenir l’opposition. Il est avéré qu’à la suite de la manifestation de l’opposition du27 février et des villes mortes de jeudi 28 février 2013, des loubards munis d’armes blanches, fortement encadrés et protégés par les forces de sécurité, ont entrepris depuis le vendredi 1er mars 2013 à Conakry, de piller, casser et brûler les biens des citoyens, opposants réels ou supposés, selon le principe bien connu de la responsabilité collective. Tout se passe donc comme si le pouvoir était décidé à ruiner méthodiquement ceux qu’il considère comme ses opposants. Les tensions communautaires sont à leur comble. Apparemment pour le pouvoir, peu importe que l’économie déjà moribonde soit détruite, avec toutes les conséquences sociales extrêmement graves que cela entraînera pour les couches les plus défavorisées de la population. Incapable de répondre à l’exaspération de la population qui n’a jamais autant souffert de la faim, du chômage, des maladies sans soins et de la peur du lendemain, le pouvoir se barricade dans sa logique solitaire et ignore les revendications légitimes des populations pour une vie meilleure, dans un Etat démocratique et unitaire.

Le Commandant Sékou Resko Camara, gouverneur militaire de Conakry, connu pour ses comportements fascistes, ose se poser en «pacificateur » et en pompier des incendies que lui et ses amis allument et attisent au vu et au su de tous. En chargeant et en arrêtant des passants innocents, les forces de sécurité lancent à la cantonade des injures et des menaces à caractère génocidaire, à l’instar de ceux que tiennent ouvertement des pontes et des extrémistes du régime. Il règne à Conakry une atmosphère de guerre civile où le délit de faciès peut coûter la vie à n’importe quel citoyen innocent. Des affrontements à caractère ethnique n’ont été évités que de peu.

Des coups de feu et des incendies éclatent ça et là. On compte des dizaines de blessés et six morts parmi les civils et les forces de sécurité. Aucun citoyen n’est à l’abri, aussi bien pour sa personne que pour ses biens. Un état de siège qui ne dit pas son nom est entrain d’être appliqué dans certains quartiers de la capitale. Ces quartiers sont pratiquement devenus pour les forces de sécurité, des zones de feu à volonté avec permission de se livrer à toutes sortes d’exactions, de pillages et d’arrestations arbitraires.

Le procès des accusés des événements du 19 juillet 2011 dont on attendait enfin la vérité après 18 mois d’enquêtes, tourne à la mascarade radiotélévisée, comme au temps du Parti-Etat. Le système judiciaire a achevé de se discréditer dans cette affaire ressemblant comme deux jumeaux au fameux «Coup Diarra Traoré» de juillet 1985 où la torture, les exécutions sommaires et la manipulation ont été les moyens privilégiés des «enquêteurs».

Dans ces conditions, les appels au dialogue lancés par le pouvoir ne peuvent être pris au sérieux, en l’absence d’actes concrets indiquant qu’il est prêt à renoncer à ses manœuvres politiciennes habituelles, tout en poursuivant imperturbablement son projet non dissimulé de réinstaller une dictature de Parti-Etat en Guinée. Devant les dangers mortels qui guettent la Guinée et face à un dialogue interne devenu pratiquement impossible, nous réitérons notre appel solennel à la Communauté africaine et internationale afin que soit remis en place le Groupe International de Contact sur la Guinée.

La Guinée dans sa situation actuelle, a absolument besoin que ses frères africains et ses amis du monde entier se mobilisent, afin de mettre en place un cadre sérieux et sécurisé de dialogue entre tous les acteurs politiques et sociaux guinéens sans exclusive. C’est ainsi, qu’ensemble nous trouverons des solutions à la crise actuelle en prévenant des conflits encore plus graves, aux conséquences incalculables pour notre pays et pour toute la sous-région ouest-africaine. C’est la seule solution permettant de clouer au pilori ceux qui, dans l’arène politique guinéenne privilégient leurs intérêts égoïstes, prennent le pays en otage en appliquant la méthode des coups de force et des faits accomplis ou la politique du pire.

Cette fois, contrairement à ce qui s’est passé en 2009/2010, il ne s’agira pas de bricoler des accords bancals sans lendemain, mais de trouver des solutions viables permettant de sortir définitivement notre pays de ce cycle ininterrompu de dictatures, de violences et l’arrimer enfin à la démocratie, à l’unité et au progrès.

Le temps presse et nous espérons que l’Histoire ne va pas se répéter, comme au Rwanda en 1994, lorsque la passivité de la communauté internationale avait rendu possible le plus grand génocide africain des temps modernes.

Mamadou Bah Baadiko

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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