Ingérer du cannabis thérapeutique sous forme de comprimés par voie orale serait plus efficace que de fumer de la marijuana pour soulager la douleur, selon une étude rendue publique lundi.
Effectuée sur 30 fumeurs réguliers de cannabis, l’étude réalisée par des chercheurs de l’université Columbia à New York a permis de montrer qu’un comprimé de dronabinol, version synthétique de l’ingrédient actif du cannabis, permettait de retarder l’apparition de la douleur et de la tolérer plus longtemps qu’un joint.
Des études avaient dans le passé déjà montré un effet positif du cannabis dans le traitement de la douleur, mais personne n’avait comparé les deux modes d’administration du cannabis, également appelé marijuana ou chanvre indien, utilisé comme plante médicinale depuis l’Égypte ancienne. La nouvelle étude est publiée dans la revue du groupe Nature Neuropsychopharmacology, alors que plusieurs pays européens comme les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne mais aussi le Canada et plusieurs États américains, ont déjà légalisé l’usage médical du cannabis.
Cannabis thérapeutique interdit en France
Le dronabinol est déjà utilisé dans ces pays pour traiter la nausée et les vomissements associés aux chimiothérapies, l’anorexie associée au sida ou encore pour soulager la douleur et détendre les muscles. Les 30 volontaires, âgés de 21 à 45 ans, ont été invités à fumer du cannabis et à prendre des comprimés tous les jours pendant deux semaines, en aveugle, sans savoir sous quelle forme le cannabis leur était administré, ni à quelle dose (0,10 ou 20 mg de dronabinol versus des doses de 0, 1,98 % et 3,56 % de THC) .
Les résultats ont montré que ceux qui avaient reçu du dronabinol tout comme ceux qui avaient fumé du cannabis ressentaient moins de douleur et la toléraient mieux que ceux ayant reçu des placebos, lorsqu’on leur trempait le bras dans une eau très froide (à quatre degrés). Mais le dronabinol s’avère plus efficace que le joint en retardant la sensibilité à la douleur (temps mis à exprimer la douleur) et en augmentant la tolérance à la douleur (le temps mis à retirer la main de l’eau froide). Le dronabinol est également perçu comme ayant un effet d’accoutumance moindre.
Mais comme l’étude a été réalisée uniquement sur des fumeurs réguliers de cannabis, les chercheurs relèvent qu’il est prématuré de conclure que ces effets seraient les mêmes dans une population plus large, non fumeuse de cannabis. En France, le cannabis thérapeutique reste interdit. Le dronabinol (commercialisé sous l’appellation Marinol) peut toutefois être prescrit pour des douleurs chroniques dans le cadre d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU), une procédure spéciale réservée à des pathologies pour lesquelles il n’existe pas de traitement approprié.