« Il faut faciliter la tâche au facilitateur de l’Onu, Said Djinnit ». Ce conseil du Chef de la délégation de l’Union européenne en Guinée, Phillip Van Damme, est tombé dans de sourdes oreilles.
La crise politique qui secoue la Guinée depuis plusieurs mois, avec son corolaire de manifestations de rue interminables, est peut être loin de trouver son épilogue.
En dépit des concertations en cours entre le Facilitateur désigné des Nations-Unies, dans le cadre du dialogue politique instauré entre le gouvernement et l’opposition guinéens, les lignes ne semblent pas bouger.
L’opposition regroupée au sein du Collectif des partis pour la finalisation de la transition, l’ADP, le CDR et le FDP, annonce en début de cette semaine, contre toute attente, d’autres manifestations sur les voies et places publiques à partir du 22 mai prochain par un « meeting géant » à Kaloum ainsi qu’une marche sur l’Autoroute Fidel Castro le 23 mai.
« Malgré que nous ayons fait une concession majeure en suspendant unilatéralement et de façon indéterminée nos manifestations pour donner une chance à ce dialogue de s’ouvrir, nous nous rendons compte que tout ce ci est rendu inutile du côté des Autorités qui continuent leur fuite en avant. La Ceni (commission électorale nationale indépendante) continue tranquillement son recensement, déroule son chronogramme sans tenir le moins compte de la position exprimée par les partis de l’opposition » explique lundi 13 mai, le porte-parole de l’opposition, Aboubacar Sylla.
Mais avant, samedi dernier, lors de l’Assemblée générale hebdomadaire de l’UFDG, le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a donné le ton, le premier, annonçant la reprise des manifestations de l’opposition tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Ce, avec une nouveauté : la demande du départ du président de la République, Pr Alpha Condé.
« Le Message est désormais clair dans tous les esprits, le problème, c’est Alpha CONDE et tout le monde se rend à l’évidence. Les militants en sont convaincus et la direction du parti aussi », lit-on sur le site officiel de l’UFDG.
L’élargissement d’une douzaine de détenus politiques, la semaine dernière, par le chef de l’Etat guinéen, sonne aux yeux de l’opposition comme « une concession mineure ». Ce point figurait, au même titre que l’annulation du décret présidentiel convoquant le corps électoral, comme « les préalables » de l’opposition à la tenue de tout dialogue.
Pourtant, le 8 mai passé, en compagnie des autres facilitateurs, le Représentant du Secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest a sauvé la Guinée en réussissant à avoir de l’opposition, « la suspension » de sa marche du 9 mai sur l’Autoroute, jugée à risque par certains observateurs.
« Afin de contribuer à restaurer un climat nécessaire au retour du dialogue,, nous appelons toutes parties à ne rien entreprendre dans les jours à venir qui portent le risque d’entraver cette dynamique vers l’apaisement » avait conseillé le Collège des facilitateurs, à la suite de la suspension de cette manifestation de l’opposition.
Incroyable que cela puisse paraitre, cette nouvelle menace de l’opposition complique davantage la tâche au diplomate onusien, Said Djinnit. « Le fer de lance » de la contribution de l’OUA jadis aux efforts de paix dans plusieurs pays africains, doit désormais avoir des graines à moudre.
Pourtant, les questions essentielles, de fond, dirait l’autre, du mal guinéen, ne sont pour le moment pas touchées. Le cas de l’opérateur waymark et le vote des Guinéens de l’Etranger – constituant la principale pomme de discorde entre le pouvoir de Conakry et l’opposition- cèdent la place à la résolution des « préalables ». Le train – des législatives prévues au 30 juin prochain-, va certainement arriver à l’autre quai sans certains guinéens ? Attendons de voir…