Dans sa longue marche vers la démocratie, notre nation a payé un trop lourd tribut, en morts, en blessés, en dégâts matériels en pertes de temps et en séjours déshumanisants dans les cachots de l’injustice.
Ceci est en grande partie la conséquence de l’incapacité des fils de Guinée à se parler, s’écouter et se remettre en cause lorsque cela est nécessaire.
Trop souvent l’autisme a été et continue encore d’être le comportement favori du guinéen en général et de la classe politique en particulier. Le compromis a toujours été considéré comme un acte de faiblesse. La surenchère trop souvent a été privilégiée à la raison. L’autel de l’égoïsme demeure encore et toujours le lieu du sacrifice de la cause nationale. Beaucoup trop de tares de notre société actuelle sont des freins au véritable changement.
L’héritage est, il est vrai, lourd à porter mais il n’y a pas d’autre alternative que de l’assumer pour avancer ensemble, certes avec des opinions différentes, mais ensemble vers un but commun : Une Guinée démocratique où il fait bon vivre.
L’atteinte de cet objectif commun passe nécessairement par la construction d’une nouvelle société dont la première étape est la remise en question de bon nombre de nos certitudes, nos croyances, nos comportements et notre manière d’envisager l’avenir de notre nation.
Le champ d’application de cette introspection va du simple citoyen aux tenants du pouvoir en passant par les hommes politiques sans oublier les hommes de presse.
La construction de la nouvelle société dont je parle ici prendra des générations mais il est plus que jamais temps d’en poser les fondations.
Pour cette transformation le rôle des intellectuels est primordial. Déconnectés de toute idée partisane, leurs écrits, leurs analyses, leurs participations aux débats, leurs propositions de solutions seront les moteurs de ce mouvement d’ensemble. Alors intellectuels de Guinée, je vous lance un appel à prendre de la hauteur pour une participation positive à l’œuvre d’édification de la nouvelle société guinéenne.
Aux nouveaux députés, nul besoin de vous rappeler que vous êtes les représentants du peuple et que par conséquent, quelque soit votre tendance politique, vous êtes membres de l’assemblée du peuple de Guinée. Donc vous portez désormais sur vos épaules une très lourde responsabilité devant l’histoire.
A ce tournant décisif de la vie de notre nation, vous avez une opportunité unique de bâtir le nouveau système démocratique guinéen. Un système solide qui sera plus puissant que les individus. Un système dans lequel le changement d’une personne quelle qu’elle soit n’aura aucun impact sur le fonctionnement global. Un système qui portera en son sein les germes de sa pérennité.
Pour cela votre crédo ne devra être que celui de légiférer uniquement dans l’intérêt de la Guinée et non pas de transformer le haut lieu de la représentation nationale en un espace ou la petite politique sera reine.
Le défi qui vous attend est celui de la construction de la nouvelle Guinée.
Dans mes deux billets sur la question « Quelle démocratie pour la Guinée ? », j’ai parlé de sujets qui, à mon sens, s’ils sont abordés sereinement et traités en profondeur, pourront assurément contribuer à l’édification du nouveau système démocratique de Guinée. Le temps de la construction est peut-être arrivé.
Puisse Dieu bénir la Guinée !
Laye BAMBA