Les célébrations ont débuté mardi 24 décembre au soir pour la communauté chrétienne. C’est le premier Noël que fête le pape François depuis son élection. A 21 h 30, François a commencé à dire sa première messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre, au Vatican.
L’air grave, le pape argentin est arrivé au milieu d’une longue procession de 30 cardinaux et 40 évêques et s’est avancé dans la nef de l’immense église bondée pendant la prière solennelle de la Kalenda, chant qui récapitule l’attente biblique d’un Messie. Il a fait le tour de l’autel avec un encensoir, lançant d’une voix basse et rauque : « Pax vobis » (« la paix soit avec vous »). Avant d’embrasser une statuette de plâtre peinte représentant l’enfant Jésus.
Neuf mois et demi après l’élection de Jorge Mario Bergoglio en tant que 265e successeur de l’apôtre Pierre, l’attente était grande sur les mots qu’allait dire le pape pour cette grande fête du calendrier catholique retransmise par les télévisions de 65 pays. La grande messe solennelle, dite « de minuit » devait finir une heure avant minuit. Les textes et les prières ont été récités ou chantés principalement en italien et en latin, de façon solennelle et classique. Une intention de prière a été prononcée en araméen, la langue du Christ. Une autre, pour les personnes persécutées en raison de leur foi, a été prononcée en chinois.
UNE PRIORITÉ POUR LES GENS DÉMUNIS
Dans sa courte homélie en trois points, le pape de 77 ans, d’une voix un peu rauque et essoufflé, a rappelé que les bergers, pauvres, de Bethléem avaient été les premiers à se rendre à la crèche où Jésus, dans la tradition biblique, venait de naître. « Les bergers, a-t-il dit, ont été les premiers (…) à recevoir l’annonce de sa naissance. Ils ont été les premiers parce qu’ils étaient parmi les derniers, les marginalisés. » Jorge Mario Bergoglio signifiait ainsi sa priorité aux gens démunis, signe distinctif de son pontificat.
Jésus, a-t-il remarqué, n’est pas « un maître de sagesse » ou « un idéal dont nous savons que nous sommes inexorablement éloignés ». « En lui est apparue la grâce, la tendresse, la miséricorde », a-t-il déclaré, sans aucune allusion aux débats de société ou au relativisme comme le faisait son prédécesseur, Benoît XVI. « Le Seigneur vous répète : “N’ayez pas peur !” Moi aussi, je dis à tous : “N’ayez pas peur. Le Seigneur pardonne toujours. Là est notre paix” », a-t-il poursuivi.
Jorge Mario Bergoglio est revenu sur un de ses mots préférés, « camminare » (« marcher », en italien) : « Si nous aimons Dieu et nos frères, nous marchons dans la lumière, mais si notre cœur se ferme, si l’orgueil, le mensonge, la recherche de notre intérêt dominent, alors les ténèbres descendent en nous. » « Le peuple est un peuple pèlerin, mais pas un peuple errant », a-t-il dit, affirmant qu’en chacun « il y a ténèbres et lumière ».
lemonde.fr