L’ancien ministre de la Défense de la transition et actuel chef d’état major particulier du président Ibrahim Boubacar Keïta, le général Yamoussa Camara, a été écroué et inculpé jeudi. La justice lui reproche son implication présumée dans la mort de 21 Bérets rouges, dont les corps ont été retrouvés en décembre près de Bamako.
Après l’arrestation et l’inculpation de Amadou Haya Sanogo, un des leaders du coup d’État de mars 2012, c’est au tour d’un ex-membre éminent de la junte malienne de se trouver aux arrêts. L’événement est d’autant plus important que le général Yamoussa Camara, « inculpé jeudi et mis sous mandat de dépôt », selon une source judiciaire, est l’actuel chef d’état-major particulier du président malien et ancien ministre de la Défense.
Il est fortement soupçonné d’être impliqué dans la mort de Bérets rouges – parachutistes proches de l’ancien président renversé, Amadou Toumani Touré, lesquels s’étaient soulevés dans une tentative de contre-coup d’État en avril 2012. Or les corps de 21 d’entre eux ont été retrouvés le 4 décembre 2013 dans une fosse commune à Diago, près de Kati, la ville de garnison à 30 km au nord de Bamako.
Tentative d’étouffement de l’affaire
L’arrestation du général Camara aurait été rendue « nécessaire » par de « nouvelles preuves de l’implication dans l’affaire de plusieurs hauts responsables militaires maliens », selon un proche du juge Yaya Karembé, chargé du dossier des Bérets rouges. Elle tend en tout cas à prouver que le président Ibrahim Boubacar Keïta et son ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, qui ont à plusieurs reprises affirmé qu’ils n’entendaient pas interférer dans le travail de la justice, ont tenu parole dans ce dossier.
Les chefs d’inculpation retenus contre le général Camara n’ont pas été précisés officiellement. Selon la télévision malienne, ce proche de Sanogo serait accusé de « tentative de meurtre ». Mais un responsable militaire a donné à Reuters une autre version jeudi, à Bamako : « Yamoussa Camara a tenté d’étouffer l’affaire en faisant croire que certains de ces parachutistes avaient été envoyés en renfort dans le Nord et en espérant qu’on pense qu’ils étaient morts au combat », a expliqué. « On a découvert une lettre avec sa signature et il a été arrêté. » Il rejoint ainsi Sanogo lui-même et plusieurs de ses proches, qui ont été arrêtés et inculpés en novembre 2013 dans la même affaire.
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