Analyse/ Après un séjour de 72 heures à Conakry, le numéro un du royaume shérifien a quitté la capitale guinéenne mercredi 5 mars pour la capitale gabonaise Libreville. Ce séjour guinéen de Mohamed VI a suscité de nombreuses attentes économiques.
Attentes qui se sont matérialisées par la signature d’une vingtaine d’accord d’investissement du Maroc dans des domaines agricole, des transports, des infrastructures et autres. Si beaucoup voient en cette visite un aspect économique, les plus avertis y verront plutôt un ancrage diplomatique et surtout stratégique à travers lequel Mohamed VI affiche son ambition de s’ériger en puissance régionale.
Après 15 ans au trône, le successeur de Hassane II serait-il tenté de faire promener sa couronne royale dans ces pays au sud Sahara pour bénéficier du soutien, ou plutôt de l’allégeance de ces derniers à la position du Maroc sur certains dossiers brulants. Notamment la question du Sahara occidental que le royaume ne veut en aucun cas lâcher. Le contrôle de ce territoire de 266 000 kilomètres carrés constitue pour le Maroc, plus qu’un intérêt économique, l’expression d’une suprématie régionale. Suprématie qui pourrait bien déranger le ‘’ voisin ennemi ’’ l’Algérie qui, lui, milite pour l’indépendance du Sahara Occidental. Car Alger a officiellement exprimé son soutien au Front Polisario, un mouvement qui lutte depuis des décennies pour l’indépendance du Sahara Occidental. Pour le Maroc, résister à ce mouvement de libération du Sahara Occidental passe nécessairement par la recherche des alliés sur le continent. Et pour ce faire, la délégation royale a choisi de mettre la main à la poche pour multiplier des accords d’investissements en Afrique subsaharienne. Histoire de copter l’obéissance et la fidélité de tous ces pays vivant continuellement sous perfusion économique étrangère.
La main qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit, dit-on dans les relations bilatérales. En recevant donc avec enthousiasme l’aide du royaume shérifien à travers les nombreux accords d’investissements, la Guinée, à l’image du Mali, de la Cote d’Ivoire et du Gabon, est comptée pour rejoindre désormais les alliés du Maroc sur le continent. Conakry a donc mordu à l’hameçon de Rabat, serait-on tenté de croire. En tout cas si le Maroc, pays non membre de l’Union Africaine, a choisi de se rapprocher de ces pays au sud du Sahara, l’on peut affirmer sans risque de confusion que ce choix n’est pas un simple amour désintéressé. C’est plutôt une orientation stratégiquement indispensable pour le royaume shérifien qui veut non seulement sauvegarder son contrôle du Sahara occidental mais aussi exprimer l’orgueil de puissance régionale après la disparition du guide de la révolution libyenne Mouammar Kadhafi. Mohamed VI s’envole pour le Gabon satisfait d’avoir accompli une mission, celle d’avoir l’allégeance d’Alpha Condé sur les dossiers régionaux.
Faberto