Michael Jordan, ancien joueur et actuel propriétaire d’une franchise NBA, a publié un communiqué dimanche s’indignant des propos à caractères racistes tenus par Donald Sterling, propriétaire des Los Angeles Clippers. D’autres noirs, célèbres, lui ont emboité les pas.
« Sur ton Instagram de merde, tu n’as pas à te montrer à côté de noirs (…) N’amène pas des noirs à mes matches. » Ces propos de Donald Sterling, propriétaire de l’équipe des Los Angeles Clippers, rendus publics samedi par le site internet TMZ, spécialisé dans l’actualité des célébrités, n’en finissent pas de faire réagir.
« Tu peux coucher avec (des noirs), tu peux les faire venir chez toi, tu peux faire ce que tu veux avec eux, mais la moindre des choses est de ne pas en faire la publicité et les amener à mes matches », peut-on également entendre sur l’enregistrement d’une conversation de dix minutes entre un homme présenté comme Donald Sterling et une femme d’une vingtaine d’années identifiée comme son ancienne maîtresse.
Magic Johnson, LeBron James, Charles Barkley et Kobe Bryant réagissent
Attaqué directement par Sterling car figurant sur lesdistes photos, Magic Johnson, l’ancienne star des Los Angeles Lakers, a annoncé sur son compte Twitter qu' »il n’assisterait plus à un match des Clippers tant que Sterling en restera le président ».
« Pas de place pour Donald Sterling dans notre championnat », a tranché de son côté LeBron James, la superstar du Miami Heat, double champion NBA en titre. « C’est une honte totale, mais une triste réalité, qu’on ait des gens comme cela en ce monde », a renchéri Kobe Bryant, superstar des Los Angeles Lakers. « La NBA est une ligue noire, il ne peut pas y avoir un propriétaire qui tient de tels propos, il doit être suspendu », a estimé Charles Barkley, sacré MVP (meilleur joueur de la saison) en 1993.
Des personnalités en vue de la société civile comme le révérend Jesse Jackson et le rappeur Snoop Dogg ont également condamné Sterling avec virulence. L’association des joueurs de NBA, dont le président n’est autre que Chris Paul, l’une des stars des Clippers, a indiqué réfléchir aux suites à donner à l’affaire.
Obama fustige des propos « incroyablement offensants »
Dimanche, c’est le président Barack Obama lui-même, premier noir américain élu à la tête des États-Unis, a dénoncé ces propos. « Lorsque des personnes ignorantes se vantent de leur ignorance, il n’y a pas grand chose à faire sinon de les laisser parler », a-t-il déclaré, évoquant des propos « incroyablement offensants » et « racistes », lors d’une visite officielle en Malaisie.
Une autre icône américaine s’est exprimée dimanche. Michael Jordan, « His Airness », seul propriétaire noir d’une franchise NBA (les Charlotte Bobcats NDLR.), s’est « indigné » des propos de son homologue. « J’analyse cela de deux points de vue, en tant que propriétaire et en tant qu’ancien joueur. En tant que propriétaire, je suis évidemment dégoûté qu’un autre propriétaire puisse avoir des idées aussi répugnantes et offensantes […] En tant qu’ancien joueur, je suis complètement indigné. Il n’y a pas de place en NBA, et ailleurs, pour le racisme et la haine qu’exprime M. Sterling. Je suis sidéré qu’une telle ignorance puisse encore exister dans notre pays et au plus haut niveau de notre sport. Dans une ligue où la majorité des joueurs sont afro-américains, on ne peut tolérer aucune discrimination. »
Vengeance de l’ancienne maîtresse de Sterling
Le plus ancien propriétaire en activité (1981) en NBA n’en est pas à son premier dérapage. Donald Sterling avait notamment été condamné à une amende de 2,7 millions de dollars en 2009 pour discrimination contre des noirs et hispano-américains dans des immeubles de Los Angeles.
L’affaire, accessoirement, a pris des allures de vaudeville. La direction du club a invoqué l’hypothèse d’une vengeance de la jeune femme qui aurait enregistré la conversation, affirmant qu’elle avait fait l’objet auparavant d’une plainte de la famille Sterling. « Cette personne est accusée d’avoir détourné plus de 1,8 million de dollars (1,3 million d’euros) et a dit à M. Sterling qu’elle se vengerait », indique Andy Roeser, le président de cette franchise californienne au palmarès vierge de titre NBA. « M. Sterling insiste sur le fait que ce qui transparaît dans cette conversation ne reflète pas ses sentiments, croyances et vues, c’est même l’antithèse de ce qu’il est », ajoute-t-il dans un communiqué.
La NBA ouvre une enquête
Engagés actuellement dans les play-offs NBA face à Golden State, les Los Angeles Clippers ont joué dimanche mais en signe de protestation, ils ont jeté au sol leurs vestes portant le nom de leur équipe et revêtu un maillot sans inscription lors de l’échauffement, puis durant le match ils ont joué avec des chaussettes et brassards noirs.
Enfin, la NBA a annoncé le lancement d’une enquête, et veut auditionner Sterling et la jeune femme. « Nous voulons avoir les résultats de cette enquête dans les jours à venir, mais je ne peux pas me prononcer sur une éventuelle sanction », a expliqué le patron de l’organisation, Adam Silver, confronté à sa première crise depuis sa prise de fonction en février.
Avec AFP