De Notre Envoyé Spécial– La capitale de la République soeur de la Sierra qui partage quelques frontières avec la Guinée, semble être le nouvel eldorado pour les jeunes conducteurs de moto-taxis de Kindia. Freetown, attire et le travail sur moto-taxi lutte contre la pauvreté des jeunes ici. Confidences.
Kindia, à 135 kilomètres de la capitale guinéenne, grouille dès l’aube du phénomène de moto-taxis. Ces » taxis à deux roues » deviennent le mode de transport le plus utilisé dans cette ville à doux climat. Rapide, simple et accessible à la bourse du populo, ce mode de transport devient aussi dangereux pour les populations.
» Ma mère ne sort plus de la maison à cause d’une fracture du pied. Un jour elle quittait la mosquée pour la maison à bord d’une moto-taxi. Le chauffard l’a jetée dans un caniveau et depuis, nous soignons ce pied » regrette, la mort dans l’âme, D.S, commerçant à Kindia.
Une autre habitante de la ville a aussi confié à Guinéetime que son frère cadet a été renversé par ces motards. » Il- le motard- ne pouvait même pas prendre en charge mon frère. J’étais obligée de faire face aux frais médicaux » révèle Amie. A l’en croire, le jeune conducteur était » employé » simple et n’avait aucune ressource.
Les chauffeurs de taxi-motos sont conscients du fait qu’ils ont mauvaise presse à Kindia, vu les dégâts causés.
» Je ne sais comment ces enfants veulent conduire la moto » s’interroge pourtant M.C, un conducteur » expérimenté » de ces engins roulants, devenus un » mal nécessaire ». Voyant un de ses confrères réaliser des mouvements peu catholiques, à bord de sa moto, flanqué d’un client, il s’énerve.
Freetown, eldorado?
La conduite de ces » taxis à deux roues » sauve certaines familles de la précarité. Les revenus moyens sont estimés entre 70 à 100.000 gnf le jour ! Ceci dépend de la qualité des engins. De nouvelles catégories de motos sont prisées par les clients et cela rapporte des sous, nous raconte-t-on.
Des jeunes sont employés, avec un salaire, ou pour les plus chanceux, s’auto-emploient. Ceux-ci ont plus de marge de manoeuvre et peuvent trouver d’autres horizons, plus prometteurs. Le coin le plus fréquenté, de nos jours par ces motards en quête de meilleurs revenus, est Freetown.
La capitale de la Sierra-Léone, à quelques kilomètres de Madina-Oula, une bourgade de Kindia, impressionne les nouveaux arrivants. Elle est devenu l’Eldorado de ces conducteurs. La clientèle à foison, le litre d’essence à bas prix, facilité d’accès au logement ( quelconque) et surtout, le leone, monnaie locale sierra-léonaise. Selon cet motard aventurier par saison.
Les jeunes en provenance de Kindia, trouvent cela intéressant. Deux ou trois mois de recettes, peuvent leur permettre de venir au secours des parents.
» Quand tu travailles tout une saison à Freetown, tu reviens à Kindia pour chercher de la baraka des parents. En attendant que la période pluvieuse passe en Sierra-léone », nous raconte M.C.
» Je viens d’arriver il y a seulement un mois » continue notre conducteur. Avec ses économies, il a déjà pu payer deux motos, mises à la disposition de la famille.
» J’ai l’argent pour une troisième moto. Je la paierai à quelques jours de mon départ pour Freetown », a-t-il projeté.
Ce départ pour Freetown inquiète notre interlocuteur. Le transport pour eux se fait sur…motos. La route est longue et la menace de coupeurs de routes est présente.
De Kindia à la capitale de la Sierra-Léone, c’est » en convoi » que tous les candidats à » l’aventure » voyagent. Une dizaine de motos s’ébranlent vers Freetown et quelques fois vers l’inconnu. Inconnu des routes et inconnue qu’est Freetown.
» Quand on arrive sans problèmes, on cherche à avoir un logement en petit groupe…De toute façon c’est où dormir », ironise M.C
Notre conversation avec M.C s’est déroulée entre deux trajets sur sa moto.