La guinéenne de l’électricité est très malade. Elle souffre d’une gestion calamiteuse, chronique aigue. Pour tenter de pallier cette situation, le gouvernement envisage de soumettre EDG à un contrat de gestion par un opérateur privé.
Pour ce faire, le gouvernement a recruté la Société financière internationale (SFI) pour la sélection d’un opérateur privé, a appris guineetime de bonnes sources. Cette société, filiale de la banque mondiale a pour mandat d’analyser rapidement la situation du secteur, structurer la transaction, et la mettre en œuvre.
Pour l’accomplissement de ce mandat, la SFI s’est attachée les services de Nodalis Conseil aux fins de définir le contenu du contrat de gestion et procéder à la sélection d’un opérateur privé.
Dans cette optique, l’équipe de la SFI et son conseil ont initié des rencontres d’échange avec la direction générale et les principales directions stratégiques de EDG en vue de diagnostiquer le mal qui ronge l’entreprise. C’était du 20 janvier au 6 février 2014.
Ressources humaines
Au terme de cette série de rencontres et de contacts, il ressort que EDG est vraiment malade. Dans le domaine des ressources humaines, les rencontres ont été menées par un expert de Nodalis Conseil en ressources humaines.
Le diagnostic auquel il est parvenu fait mention des effectifs pléthoriques du fait des recrutements et promotions fantaisistes et complaisants, et un déficit notoire de compétences. Hormis le personnel permanent, EDG a recours à une centaine de stagiaires.
L’Entreprise n’arrive plus, pour des raisons budgétaires à faire face à de nombreuses obligations légales ou conventionnelles, telle la visite annuelle obligatoire à la médecine du travail pour tous ses employés.
Il est aussi à noter que très peu de formations techniques ont été organisées ces dernières années, l’entreprise n’ayant plus de centre de formation opérationnel ni du matériel didactique nécessaire. L’essentiel des formations techniques est actuellement assurée par des prestataires externes avec les risques de surfacturation.
Environnement & Sécurité
Concernant le domaine de l’environnement, la sécurité et l’hygiène, le travail de l’expert de Nodalis Conseil a consisté en des rencontres avec les responsables des opérations de EDG et des visites ciblées sur des sites. Dont la centrale Tombo, les grandes chutes..
Là également, le constat est décevant. Aucun des agents du personnel des ressources humaines – dont relève le département environnement et sécurité – n’a une formation affirmée en hygiène, sécurité et environnement.
« En cas de déversement accidentel de contaminant sur un chantier, il n’existe pas de procédure d’intervention d’urgence pour arrêter et contenir le déversement puis nettoyer le site. » Les équipements disponibles en la matière sont les gants et chiffons..
Bref, EDG ne dispose d’aucune vue d’ensemble sur les impacts de ses activités sur l’environnement et le milieu humain.
« Dans les deux centrales visitées, la centrale Tombo et les grandes Chutes, aucun équipement de contrôle de la pollution n’est en état de fonctionner. À Tombo, presque tous les équipements présents (systèmes de récupération des eaux huileuses, séparateurs d’hydrocarbures, écrémeurs, incinérateurs ou autres filtres pour contrôler la charge polluante des rejets liquides ou atmosphérique) sont inexistants ou inopérants. »
Enfin, à Tombo et dans les grandes Chutes, les pompes à incendie et les systèmes de sécurité incendie sont hors service. La plupart des extincteurs manuels sont aussi inopérants.
Communication
Après avoir fait le constat de la déficience des capacités de communication et d’un manque de capacité d’analyse stratégique et de méthodes de travail, l’expert en communication Guy Versailles du cabinet Conseil Nodalis, il a été indiqué que le plan de communication devra tenir compte d’un certains nombre de paramètres. Dont la faiblesse de crédibilité de EDG et du gouvernement vu les nombreuses promesses d’amélioration de la desserte non tenues. On se souvient encore de la promesse présidentielle non tenue qui consistait à fournir du courant 16heures par jour en 2012.
Aussi, la sélection d’un opérateur privé peut paraitre menaçant pour le personnel de l’entreprise et la crainte au sein des populations, de la perte de la souveraineté nationale pour le contrôle de l’électricité.
Enfin, que l’amélioration significative de la desserte en électricité peut ne pas se concrétiser avant plusieurs mois.
Comme solution, il a été proposé de viser la crédibilité et non la popularité. Ne rien annoncer qui ne soit assuré, et maintenir le contrôle de la communication. Et développer simultanément trois axes de communications:
-Axe politique (bénéfice pour les citoyens et politiques)
– Axe opérationnel (bénéfice pour les clients et fournisseurs)
– Axe interne (bénéfice pour les employés).
A suivre…
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