La règle élémentaire en matière de bon voisinage, n’est ni plus ni moins que la solidarité. C’est sans nul doute la raison pour laquelle le dicton dit à juste raison que lorsque la case du voisin brûle, on doit l’aider à éteindre le feu pour contrer sa progression. Et, au risque d’être touché.
Seulement voilà : cette règle est aujourd’hui mise à rude épreuve par des grands voisins de la Guinée. Dont le Sénégal, la Cote d’Ivoire et même la Guinée Bissau etc. Au lieu de manifester à l’égard de la Guinée, la solidarité agissante attendue, ces Etats- pas leurs peuples- ont pris sur eux, la décision historique de fermer systématiquement, hermétiquement et sans ménagement leurs portes à la Guinée. Ce, à cause de la fièvre hémorragique à virus Ebola qui sévit dans notre pays.
Pourtant, c’est pendant les épreuves difficiles, comme celles-ci, que l’on reconnait ses vrais amis. C’est tout dire que désormais, Conakry sait qui sont ses vrais amis.
En attendant, forte de la règle sanitaire internationale de l’organisation mondiale de la santé – ignorée et violée par tous ces pays- et de la solidarité traditionnelle, Conakry par la voix de son chef de la Diplomatie, se devait de sortir de sa légendaire réserve pour dire dans la forme qu’il voudra, son mécontentement, sa désapprobation vis-à-vis de la méthode de certains de ses voisins. Le message à envoyer par la parole ou par l’écrit, ne doit souffrir d’aucune ambigüité. Car, pour reprendre une sagesse africaine, lorsque vous dansez avec un aveugle, piétinez-le de temps à autre pour qu’il sente qu’il n’est pas seul sur la piste !
Cette démarche pourrait, si elle venait à être matérialisée, atténuer la profondeur de la frustration, de l’affront infligé au peuple de Guinée et à ses dirigeants. Blessés dans sa chair, sa fierté, son orgueil, les Guinéens ne savent plus à quels gouvernants compter pour laver cet affront.
Il est peut-être vrai que le silence est un ami qui ne trahi pas, mais le silence peut traduire quelques fois, le sentiment de faiblesse, de complaisance, de complicité voir de culpabilité.
Par conséquent, il est donc important d’indiquer à ces Etats, qu’Ebola est certes une maladie dangereuse et même contagieuse, mais que l’on peut éviter par l’observation des mesures sanitaires édictées par l’OMS.
A preuve, la République du Mali d’Ibrahim Boubacar Kéita, frontalière à la Guinée dans sa partie nord, n’a pas fermé ses frontières. Pour autant, il n’a jusque-là enregistré aucun cas d’Ebola. Aussi, dans les années 94, le virus Ebola n’avait-il pas attaqué la Cote d’Ivoire voisine, pour autant, la Guinée avait-elle fermé ses frontières à Abidjan? La Réponse est évidemment non. C’est vérifiable.
Ce qui choque la conscience quasi collective guinéenne, et l’opinion internationale, c’est l’odeur de mépris, du dédain qu’on peut lire dans la manière de faire de ces Etats. Ces Etats, parmi lesquels, certains comme la Cote d’Ivoire, la Guinée Bissau ont bénéficié, à un certain moment de leur histoire douloureuse, de la fraternité, la solidarité de l’Etat et du peuple guinéens.
L’on se souvient encore fraichement comme si c’était hier, que l’Etat et le peuple de Guinée ont spontanément accueilli avec chaleur et ferveur, ses frères et sœurs ivoiriens pendant les années de guerre au bord de la Lagune Ebrié. A l’occasion, les Guinéens avaient tout partagé avec eux du toit jusqu’au dernier gratin. La Guinée leur a servi d’abris et de refuge. Cette Guinée hospitalière est restée pendant toute la durée de la guerre, respectueuse des principes du Haut Commissariat aux refugiés (HCR) et de la solidarité africaine. Que dire de la Guinée Bissau qui n’a pu se libérer du joug colonial portugais que grâce à l’intervention ô combien salutaire, opportune de la vaillante armée guinéenne dont le général Lansana Conté en est un symbole vivant.
Ce n’est pas tout, récemment en proie à une crise fratricide sans précédent, les clés de la paix de la Guinée Bissau, ont été confiées au président Alpha Condé de Guinée par ses pairs de la CEDEAO (l’organisation économique ouest-africaine). Ce mandat, la Guinée l’a honoré avec modestie et discrétion et sans triomphalisme. Puisque, la Guinée Bissau a finalement retrouvé le chemin de la paix au sortir d’un scrutin présidentiel.
Au lieu de dire merci à la Guinée pour service rendu, l’Etat de la Guinée Bissau n’a trouvé meilleure récompense de fermer à la Guinée ses frontières. Foutaise!
Et, comble de l’incohérence, de l’inconséquence, cette Guinée Bissau là, par la voix d’un de ses officiels, annonce compter sur l’énergie du barrage hydroélectrique de Kaleta pour combler son déficit énergétique. Pauvre de nous !