Une marche silencieuse, organisée hier dimanche à Conakry, en la mémoire des confrères de Charlie Hebdo – un média controversé de Paris- assassinés en plein exercice de leur métier, continue de susciter de la passion dans les petits salons médiatiques du pays. Faut-il répondre à un journalisme de l’extrémisme qui couve désormais en Guinée?
Premier constat, les critiques sont dénuées de raisons valables. On reproche au comité d’organisation de cette marche, composée de journalistes, de n’avoir pas fait la même chose pour feu Facély et autres, des reportes guinéens assassinés à Womey, en mission de sensibilisation contre la fièvre hémorragique Ebola.
Première réponse. C’est véritablement un mauvais procès. Tous ceux qui font ces reproches, journalistes de leur état, n’ont pas levé le petit doigt pour appeler à une quelconque action, en hommage à ces confrères tués à Womey. Patrons de presse, journalistes ou simples employés de médias, nul n’a appelé à une « Marche silencieuse ». Si l’on devait situer la responsabilité, peut être de ce manque de soutien, à l’égard de ces soldats du micro et de la plume, il serait COLLECTIF. « Nous sommes tous coupables ».
Aucun journaliste guinéen, petit ou grand, ne peut blâmer un confrère dans ce dossier. A fortiori, se muer en donneur leçon pour convaincre je ne sais quel auditeur ou lecteur.
D’ailleurs, guidés par la mauvaise, ils passent sous silence que la Maison de la Presse de Guinée a fait comme action, le Téléthon, en faveur des familles des journalistes morts à Womey.
Enseignement
La vive compassion, en France et au delà des frontières européennes, de l’attentat contre les journalistes de Charlie Hebdo, doit inspirer le scribouillard guinéen. Le petit monde médiatique de Conakry est fait de coups bas, de lâcheté, de méchanceté, d’ethnocentrisme et d’irresponsabilités. Difficile de taire les mesquineries abjectes pour se concentrer sur l’essentiel. Ce qui fait que rarement, la presse nationale réussit à défendre, dans l’union, les intérêts de sa propre corporation.
L’élan de solidarité, autour de Charlie, doit guider la presse guinéenne à faire sa mue, à comprendre qu’en étant unie, elle sera forte et aura confectionné un bouclier de fer contre les prédateurs de la liberté de presse, de tout acabit.
Des journalistes extrémistes semblent avoir pris place sur les sièges des rédactions. La religion, de tous les TEMPS, est un sujet à passion. L’autre n’avait-il pas écrit : « La religion, c’est l’opium du peuple ». Faire l’amalgame entre la liberté de la presse et la religion, est le rubicond vite franchi par de « petits » directeurs de publication ou pseudo « administrateurs » de médias de Conakry. Alors qu’en réalité, l’on note beaucoup plus un manque de courage à leur niveau à assumer leur profonde conviction, et se barricadent derrière l’Islam. L’on ne dit pas « Je suis Charlie » parceque cet hebdomadaire a osé faire des caricatures horribles du Prophète Mohamat -PSL. Loin de là. L’Islam qui est une Religion d’Amour, de paix et de Tolérance a-t-elle donné le droit à un fidèle d’ôter de manière barbare la vie humaine?
Comme l’a dit haut fort le ministre Gassama Diaby ce matin, « C’était une fierté d’avoir assisté à cette marche ».