Vingt-six personnes ont été arrêtées dans le sud-ouest de la Guinée, en proie à Ebola, après les meurtres de deux hommes accusés à tort par des villageois de propager le virus, a indiqué dimanche à l’AFP une source sécuritaire.
Cette annonce intervient au lendemain d’une déclaration du président Alpha Condé autorisant «l’utilisation de la force publique pour arrêter les récalcitrants» de la lutte contre Ebola, dont l’AFP a obtenu l’enregistrement dimanche.
«Nous avons longtemps communiqué mais il y a des personnes qui ne veulent pas qu’Ebola finisse. Nous avons autorisé les autorités administratives à utiliser désormais les forces de la gendarmerie et de la police pour que toute personne qui refuse d’être soignée par les médecins soit arrêtée», a dit M. Condé samedi à Kindia (130 km au nord de Conakry), lors de l’inauguration d’un centre anti-Ebola.
La Guinée, d’où est partie fin décembre 2013 l’épidémie actuelle, a enregistré plusieurs réactions hostiles à la lutte Ebola, qui sévit aussi au Liberia et en Sierra Leone voisins.
Certaines communautés nient l’existence du virus et font fi des consignes de prévention, d’autres rejettent les mesures sanitaires draconiennes qui heurtent parfois leurs croyances et coutumes.
Le 10 janvier, un policier et son chauffeur ont été tués par des habitants et leurs corps brûlés à Dar es-Salam, village de la région de Forécariah, proche de la Sierra Leone. Les deux hommes ont été accusés de propager le virus après le décès soudain d’un villageois auquel ils avaient donné des calmants.
«Depuis le lendemain des incidents, nous avons arrêté 26 personnes», qui ont toutes été conduites à Forécariah où elles étaient détenues dans une brigade de gendarmerie, a déclaré à l’AFP un haut responsable sécuritaire sous couvert d’anonymat.
Les arrestations, effectuées sur plusieurs jours, ont été faites à Sinkiné, proche de Dar es-Salam, où les villageois n’ont «opposé aucune résistance», a ajouté le responsable.
«Les enquêtes se poursuivent», des suspects en fuite sont recherchés, certains se sont réfugiés «soit de l’autre côté de la frontière, en Sierra Leone», soit «sont partis loin de leur village», a-t-il ajouté, sans plus de détails.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’épidémie d’Ebola a fait depuis fin décembre 2013 plus de 8.500 morts, à 99% au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, mais le nombre de nouveaux cas est en nette baisse.
AFP