A peine Ahmed Tidjani Cissé rappelé à Dieu début janvier, que la « guerre » pour sa succession a commencé. Longtemps malade et hospitalisé au bord de la Seine, la maladie a fini par vaincre la combativité de l’ancien ministre de la Culture et du Patrimoine Historique. Et depuis appétits, envies parfois jusque-là insoupçonnés éclatent au grand jour.
Parmi les grands pontes du monde de la Culture, qui s’affrontent par groupes de pression et médias interposés, les noms de Fodéba Isto Kéïra, Sékou Ahmed Tidjani Soumah, Sensy Kaba Diakité et évidemment Amirou Conté reviennent de plus en plus dans les débats. Quatre noms, peut-être plus, pour un seul fauteuil. Celui du ministre de la Culture et du Patrimoine Historique. Mais qui parmi eux, pour occuper le poste tant convoité? En principe, ce pouvoir de nomination est du ressort exclusif du Chef de l’Etat, Alpha Condé.
Mais à l’analyse des lignes de forces , des forces et faiblesses des supposés ou réels prétendants, l’on pourrait tout de même dessiner en filigrane, le profil du futur élu, à défaut de lui coller un nom.
Commençons pars Fodéba Isto Kéïra, ancien ministre de la Culture. Philosophe de formation, Isto connais, tutoie la culture et ses acteurs depuis les années Aly Badara Diakité – ABD – animateur hors pair qu’il fut à la radio nationale. Il est également passé à la tête de l’Agence guinéenne de spectacles.
Il se distingue depuis bien longtemps dans l’organisation des spectacles, la compilation des chansons de paix en des moments de périls. A ce titre, il a su bâtir un réseau relationnel fort solide sur le terrain culturel. Et même sportif pour être passé aux commandes du ministère des Sports du temps de la Transition militaire.
Isto, est surtout connu pour sa capacité de mobilisation. En cette année électorale, cet aspect du profil, peut être un atout majeur pour faire la différence..
Mais les mauvaises langues placent la GURG (génération pour l’unité et la relance de la Guinée) d’Isto dans l’escarcelle de l’Ufr de Sidya. Où on dit de lui qu’il lorgne une importante mairie de la capitale lors des prochaines communales. S’y ajoutent, les rapports difficiles qu’il entretiendrait avec certains acteurs majeurs de la Culture.
Que dire de Sékou Ahmed Tidjani Soumah, du nom du patron de Tidjane World Music? Dans la course au poste de ministre de la Culture, Tidjane Soumah fait également figure de favori.
Sékou Ahmed Tidjane Soumah a l’avantage d’être du sérail. Du haut de sa vingtaine d’années d’expériences, M. Soumah a la réputation d’organisateur professionnel de grandes messe culturelles en Guinée.
Tidjane Soumah c’est aussi un homme de vision qui rêve gros pour le futur de la Culture guinéenne. Homme d’initiative et d’innovation, il en a les moyens intellectuels et les connexions internes et externes nécessaires à la valorisation du potentiel culturel guinéen.
Tidjane Soumah bénéficierait surtout de solides soutiens du coté de Sékhoutouréah. Il a d’ailleurs failli être nommé ministre de la Culture à la faveur du dernier remaniement du gouvernement de Said Fofana, après la démission de celui-ci au lendemain des législatives de septembre 2013. Mais il est souvent incompris dans sa façon de faire. Il a, semble-t-il, des relations peu amicales avec plusieurs acteurs de la Culture.
Quant à Sensy Kaba Diakité, apparemment plus jeune, est aussi cité même si son entourage bat en brèche, l’intérêt de ce passionné du livre pour les fonctions en jeu.
Pourtant, entreprenant, manager, plein d’initiative et d’allant, cet économiste de formation, Sensy Kaba Diakité peut faire un ministre innovateur de la Culture. Fondateur de l’Ong « LAF » (les amis du futur), aujourd’hui directeur des éditions Harmattan Guinée, Sensy a l’avantage de n’appartenir à aucun clan culturel.
Toutefois, Sensy est tout sauf un politique. Il ne peut à ce titre produire aucune contrepartie politique. Or, à la veille d’un scrutin aussi crucial que la présidentielle, la dimension politique est un atout.
L’autre prétendant naturel, c’est Amirou Conté, actuel secrétaire général du département de la Culture. C’est lui qui a tenu bon, les commandes du département pendant la longue absence de son ministre. Il semble que c’est l’homme du consensus.
Ce n’est pas tout, le nom de Jean Baptiste Williams circule aussi sur des lèvres. Seulement, un petit sondage au sein de la famille culturelle guinéenne, ne donne pas assez de chance à Jeanot d’atteindre les prétentions qu’on lui prête. Malgré sa vaste connaissance des arts, il n’aurait pas bonne presse pour dire simplement les choses.
Toutefois, qu’on se le tienne pour dit: quelle que soit la carrure du futur ministre de la Culture, il échouera s’il n’a pas de budget consistant pour mettre en œuvre son programme.
En attendant, la question qui brule les lèvres est: qui remportera la bataille? Les jours et semaines qui suivent, nous en diront un peu plus sur l’identité du futur ministre de la Culture et du Patrimoine Historique…