Ne l’appelez plus capitaine. Son nom est désormais Monsieur Moussa Dadis Camara. Le président du CNDD- junte qui a « ramassé le pouvoir dans la rue à la mort de Lansana Conté- quitte les rangs de la Grande Muette. Des langues fourchues le placent déjà à la tête d’un parti politique.
C’est dans une lettre signée du 20 mars à Ouagadougou au Burkina où il réside depuis la tentative d’assassinat manquée, que l’ancien président de la Transition annonce sa « cessation définitive de servir dans les rangs de l’Armée nationale ». Cette missive, pardon lettre, est adressée à l’Autorité compétente, le Chef d’Etat Major Général des Forces Armées de Guinée.
Sur les motifs de ce retrait, Moussa Dadis Camara explique son « absence prolongée » au Burkina Faso du fait de son « exil » dont il pense que son « Chef » n’ignore pas les motifs. Le deuxième argument de l’ancien homme fort du pays est un peu plus complexe et relèverait du domaine du fonctionnement et de la discipline au sein de l’Armée. A l’entendement de Dadis Camara, ceci est « pratique ».
En ramassant le pouvoir dans les rues de Conakry à la mort de Conakry, le natif de Koulé a été élevé « Chef de l’Etat, Commandant en chef des forces armées guinéennes ».
« Ainsi, affirme-t-il, ma présence dans l’armée pourrait logiquement occasionner un malaise dans le commandement de la hiérarchie militaire. En effet, il serait inconfortable à un officier, plus ou moins gradé, de donner des instructions à un militaire ayant assumé les fonctions de chef de l’Etat, et mieux, celles de Commandant en chef des forces armées nationales ».
Depuis que la presse s’est emparée d’une copie de cette lettre de démission, l’avenir de l’ancien président de la Transition – la première version- commence à être évoqué. Plus d’un observateur le voit déjà, troquer son treillis contre un costume d’homme politique. La descente de Moussa Dadis Camara dans l’arène politque, n’est, à en croire certains, qu’une question de temps.
La Guinée a rendez-vous aux urnes, le 11 octobre 2015 en vue de la présidentielle. Un des proches de l’ancien président de la République de la Transition, en l’occurence Idriss Chérif, est à la tête d’une formation politique depuis novembre dernier.
L’ancien Conseiller spécial du capitaine Moussa Dadis Camara et qui avait même occupé le poste de ministre de la Communication près de la Présidence de la République dans la première version de la transition est président du FPG ( Front patriotique guinéen). Lors d’une communication le 10 novembre 2014, a annoncé sa candidature officielle à la présidentielle de 2015 en Guinée. Le passage du témoin entre Idriss Chérif et Mousa Dadis Camara, à la tête de cette formation politique, ne saurait être qu’une formalité, spécule-t-on.
Dadis sur le ring politique, provoquera un véritable séisme. Originaire de la Guinée-Forestière -région à fort potentiel électoral- Dadis, déjà adulé par des milliers de Guinéens et surtout dans sa région d’origine, ne fera qu’une bouchée des leaders de partis de la Fôret mais aussi des autres, fussent-ils les plus grands.
Equation à ne pas surtout négliger puisqu’en Guinée, les premiers militants sont issus de la famille, de l’ethnie ou de la région du leader.
Dadis sur le ring politique, pose un véritable problème à la procédure judiciaire en cours pour élucider les massacres du stade du 28 septembre en 2008. Plus de 150 civils, non armés, ont été abattus par des béréts rouges de la garde prétorienne, au moment il assumait encore les fonctions du Commandant en chef des forces armées nationales