La Guinée est confrontée, simultanément à deux crises graves. La première est sanitaire, liée à l’épidémie à fièvre hémorragique Ebola qui a causé au moins 2000 morts; et la seconde est du domaine politique : un contentieux pré-électoral qui met l’opposition dans les rues, avec un cortège de malheurs, au quotidien. Simple Constat.
Sacrés Guinéens ! Ils ont les épaules si puissantes pour supporter deux crises majeures qui s’abattent sur eux comme une fatalité de la vie. En mars 2014, lorsque les Autorités politiques déclaraient officiellement le pays attaqué par la fièvre hémorragique Ebola, beaucoup de guinéens étaient déjà passés de vie à trépas, dans les localités de Kissidougou, Macenta et Guéckédou, au sud du pays.
Depuis cette date, l’épidémie, telle une traînée de poudres, s’est propagée sur tout le territoire national, passant par Conakry et la Haute-Guinée. Elle a continué à étendre son écharpe de malheur sur les pays voisins de la zone Mano River Union, le Libéria et la Sierra-Léone, puis fait un tour à Dakar, sans grand succès. Et a même frôlé ou tué quelques occidentaux.
En Guinée, l’on a enregistré à cette date plus de 3597 cas avec 2387 décès (soit 66.3%). Le bilan cumulé fait au moins 11.000 morts dans le monde, mais principalement dans les trois pays de la sous-région Mano-River Union.
Outre l’impact économique, catastrophique pour le pays – un demi milliard de perte de recettes-, Ebola a fait du citoyen guinéen un paria, dans certains pays occidentaux. La seule évocation ou la vue d’un Guinéen créé panique dans certaines villes, aéroports ou lieu de concerts.
Comme si cela ne suffisait, cette fois, de leur propre gré, les Guinéens ont creusé leur propre tombeau, pour s’enterrer, mais définitivement. Un pays, complètement à terre, avait besoin de tout sauf d’une crise politique aiguë dans laquelle elle est empêtrée, depuis quelques mois. Pouvoir, opposition, société civile, religieux ou citoyens lambda, devaient tous se soucier du relèvement du pays, afin de le mettre dans le groupe des pays qui vivent, qui luttent pour leur survie. Hélas. La classe politique a décidé, sous le regard complice de l’intelligentsia du pays d’enfoncer le pays sur un chemin dangereux. Cette crise pré-électorale, liée au chronogramme électoral, se mue en affrontements dans les rues de la haute banlieue entre manifestants proches de l’opposition et forces de l’ordre.
Ce blocage du pays, du moins à partir de la capitale économique, aggrave déjà les conséquences laissées par l’épidémie Ebola. Nul ne se soucie de cela, du côté de l’opposition, tout comme du pouvoir. Si les responsables de la classe politique, peuvent supporter, cahin caha, les affres de ces crises, le populo, lui, tire le diable par les…testicules, pour paraphraser un doyen de la presse guinéenne.
Le libéria, samedi dernier, a été déclaré « Free Ebola » par l’OMS….La Guinée et la Sierra-Léone, restent sous le drap de cette épidémie. Pire, pour la Guinée, en plus d’Ebola, l’épilogue de la crise politique ne semble pas pour demain. A quel dialogue ou émissaire de l’ONU se vouer. That’s the question.