Zedi Feruzi, leader d’un petit parti de l’opposition burundaise a été assassiné avec son garde du corps samedi 23 mai au soir dans la capitale, Bujumbura, par des inconnus.
M. Feruzi a reçu plusieurs balles, dont une dans la tête. Il circulait à pied avec trois personnes chargées de sa sécurité quand il a été attaqué. Jean-Baptiste Bireha, un journaliste de Bonesha-FM, une radio locale, se trouvait sur place et était en train de discuter avec M. Feruzi quand les assaillants ont fait feu. M. Bireha, qui a été blessé de deux balles et dit désormais « se cacher par peur d’être tué », a raconté l’attaque à l’AFP :
« M. Feruzi rentrait chez lui quand je l’ai rencontré avec trois de ses gardes. Nous avons discuté pendant cinq minutes, puis une voiture Toyota est arrivée. Les gens à l’intérieur ont commencé à nous tirer dessus. C’était à bout portant, ils voulaient nous tuer. Je les ai bien vus, ils portaient des tenues policières, celles que portent les gens de la garde présidentielle, je suis formel. Lorsqu’ils sont partis, ils criaient et ils chantaient, ils ont jeté des grenades pour faire peur. »
Aucun policier sur place
La présidence a réagi à l’assassinat : « C’est un choc. La présidence a appris avec consternation l’assassinat d’un membre de l’opposition, elle demande que la lumière soit faite d’une façon urgente afin que les coupables soient traduits devant la justice », a déclaré le conseiller à la communication de la présidence, Willy Nyamitwe.
«Pour détourner l’attention et brouiller les pistes, ceux qui veulent commettre des crimes dans ce pays veillent toujours à porter soit une tenue de l’armée, soit celle de la police. Cela leur permet de faire endosser la responsabilité de leur crime au gouvernement ou aux institutions républicaines », a-t-il affirmé.
Petit parti d’opposition, l’UPD s’est un moment divisé, une faction se rapprochant du parti au pouvoir CNDD-FDD. Mais l’UPD était retourné récemment dans l’opposition, renouant avec un influent dissident du CNDD-FDD, Hussein Radjabu.
Environ une heure trente après l’incident, aucun policier n’était présent sur place. Deux barricades de pneus enflammés brûlaient à l’entrée de Ngagara et des groupes de jeunes surveillaient les allées et venues, interdisant l’entrée du quartier aux inconnus.
Trêve en cours
Cet assassinat survient au moment où Bujumbura connaît une trêve dans les manifestations contre une troisième candidature du président Pierre Nkurunziza. Un timide dialogue entre les leaders de la contestation et le gouvernement a été engagé, sous l’égide de l’envoyé spécial des Nations unies Saïd Djinnit, de représentants de l’Union africaine (UA) et des pays de la région.
Vendredi soir, trois personnes avaient été tuées et plusieurs dizaines blessées dans une attaque à la grenade en plein centre de la capitale. Des manifestations ont lieu quasi quotidiennement, émaillées de nombreux heurts avec la police, avec près de 25 morts en quatre semaines.
AFP-LeMonde