L’optimisme qui se dégage à la vue des ampoules de Conakry journellement allumées, signe des temps, confronté aux derniers propos d’un ministre de l’Energie fortement déçu, fait des vagues dans la Cité. Cheick Taliby Sylla a-t-il peur de voir échouer sa « révolution énergétique »?
Depuis le lancement de la Turbine 1 du barrage hydroélectrique de Kaléta, il y a juste quelques semaines, la desserte en courant électrique s’est améliorée dans les foyers de la capitale. Même si dans certains quartiers malchanceux ou oubliés de la Guinéenne de l’électricité, les citoyens n’ont d’autres solutions que de battre le pavé pour réclamer cette denrée luxueuse.
Le pouvoir de Conakry veut léguer aux Guinéens un courant électrique new look, les 24 heures sur 24. Ce que ses prédécesseurs n’ont pu léguer au peuple de Guinée. C’est un constat dépassioné d’un citoyen quia grandit dans les sales quartiers de Conakry.
Mais voilà, l’optimisme du populo est illico freiné par des propos peu rassurants du ministre en charge de l’électricité. Dr Taliby Sylla, en réunion de cabinet, a laissé transparaitre des fissures sur la possibilité de réalisation de ce qu’il appelle sa « révolution » dans ce secteur.
Il faut accepter de m’accompagner dans la révolution pour changer le visage triste de la Guinée. Le peuple ne nous pardonnera pas si on échoue. Je regrette de constater qu’il y a plus de 600 ingénieurs présents au ministère pour un résultat médiocre. Quand je vois les gens somnoler dans leur bureau alors que nous avons du pain sur la planche, cela me fait mal. Il nous revient à nous de faire des propositions réalistes au président de la République. Alors, que chacun se remette en cause », lance l’ancien DG de la SEG à son cabinet.
Puis d’enfoncer :
À ce jour, les institutions financières internationales sont revenues pour apporter main forte dans la relance de notre économie. Notre secteur doit bénéficier de 20 millions de dollars avec le retour de la Banque Mondiale. Les partenaires bis et multilatéraux sont prêts à nous assister. Il suffit de faire parvenir des projets réalistes. Aucune proposition concrète, aucun projet, aucune idée pour faire avancer les choses. Que faites- vous pour la matérialisation de la révolution ? C’est inacceptable » se lâche-t-il.
Ces affirmations suffisent à elles seules pour se poser de multiples questions. La plus importante est de cogiter si cette fois est la bonne pour un courant 24h sur 24 en Guinée?
La volonté politique s’est à maints fois heurtée à la résistance au changement des cadres de l’EDG. En 2007, nommé Premier ministre de consensus, Lansana Kouyaté a promis aux Guinéens l’électricité dans les 3 prochains qui ont suivit sa nomination. Il a mis un fonds colossal à la disposition des cadres de l’EDG qui, dès le début, avait fait un piteux diagnostic du secteur de l’énergie. Lansana Kouyaté, pendant son éphémère passe au palais de la Colombe, est parti et a laissé le Conakryka seul dans sa maison, broyant du noir.
Qui se souvient encore du gâchis causé au temps du régime d’Alpha Condé dans ce secteur de l’énergie? Le chef de l’Etat actuel a aussi jeté par les fenêtres, presque, des centaines de milions de dollars sans que la desserte électrique ne soit au niveau escompté.
Cette amère expérience lui a d’ailleurs servi lma dernière à la signature du contrat de gestion entre l’EDG et la française Veolia.
Je vais vous dire que les cadres feront tout pour vous faire échouer parce qu’ils veulent continuer la mauvaise gestion qu’ils avaient avant. J’espère que vous êtes penchés sur tous les problèmes auxquels vous allez être confrontés : le non paiement de factures, les branchements clandestins, le vol des pièces sans parler de vols de carburant, les pannes artificielles…. » a dit Alpha Condé au palais présidentiel, à l’issue de la signature de ce contrat de gestion entre Véolia et la Guinée.
Pour lui,
« Le premier défi est de mettre en pratique les compteurs prépayés de façon généralisée parce que vous avez des facturations fantaisistes. Quelqu’un va payer 400.000 gnf alors que l’autre ne paie rien.Ensuite, vous allez être confrontés à beaucoup de sabotage, et au niveau de l’EDG, et au niveau du ministère de l’Energie. »
Il est pourtant admis que la meilleure des ressources, est celle humaine. Si les hauts cadres, ingénieurs et autres guinéens capables de donner un coup de fouet à la volonté politique, sont préoccupés par autre, cela revient à conclure que le ver est dans le fruit. Rien alors à attendre de la volonté « révolutionnaire » de ce chef de département.
« Réhabiliter et étendre les infrastructures d’électricité exploitées par EDG ; améliorer la performance technique, commerciale et financière d’EDG ; restructurer la société EDG et moderniser son matériel d’exploitation, de maintenance et de gestion et enfin renforcer les compétences du personnel d’EDG» tels sont les objectifs du contrat signé entre la Guinée et Veolia.