Elhadj Nourredine Fadiga est directeur national des Affaires Economiques, de la Zakat et du Waqqf en Guinée. Il est bien à cheval des questions philanthropiques en Islam après avoir fait des études au royaume cherifien (Maroc). Dans cet entretien, il jette également un regard sur la coopération islamique entre le Maroc et la Guinée.
GuinéeTime : L’on vous voit assez sur le terrain, faisant des dons aux plus démunis. Vous vous débattez également à faire comprendre à l’opinion vos missions. Qu’en est-il exactement ?
N.Fadiga : (Bissimilarahmanirahim)…La direction nationale des Affaires économiques, de la Zakat et du Waqf a pour mission essentielle de mettre la politique nationale en matière de Zakat et du waqf. Aussi, faire en sorte qu’il y ait un engouement dans l’entraide sociale entre les guinéens, qu’ils soient plus enclins à aider les autres. Et de faire en sorte que par le biais de la philanthropie, les guinéens puissent participer au développement de leur pays.
Nous sommes appelés à vulgariser les concepts de la Zakat et le Waqf…Ces concepts qui luttent contre la pauvreté et font la promotion du développement socio-économique. Notre pays est pauvre et est en manque d’infrastructures scolaires, sanitaires etc.. Avec le Waqf, nous sommes en mesure de faire en sorte que les riches d’ici pensent à ce que les hôpitaux soient outillés, sains et qu’ils aient des moyens. Chacun d’entre nous d’ailleurs peut y contribuer. Si le conceppt est bien vulgarisé, il y aura de l’adhésion. Et ceux qui ont besoin d’assistance dans ce pays, pourront être aidés.
Est-ce que les plus riches du pays ont compris ces concepts ?
Beaucoup de riches guinéens sont généreux. Mais cette générosité n’est pas cadrée. Il y a des riches qui, chaque année, construisent une mosquée. Si vous avez construis une, deux, trois jusqu’à quatre mosquées, il faudra par la suite faire en sorte que chaque mosquée ait une source de revenus pour la pérennisation du bienfait. Il faut que la mosquée soit entretenue, périodiquement renouvelée, que les prédicateurs qui y travaillent soient dans un environnement décent pour mieux rendre.
Ensuite, il faut penser à créer des fondations, puisque celles-ci sont des Waqf. Certains ont compris et pensent aller dans ce sens. On a fait une réunion avec quelques nantis du pays qui ont proposé la création d’un hôpital de référence, susceptible de limiter les dépenses des guinéens à l’Etranger dans le domaine de la santé. Le travail n’est pas encore fini. Nous sommes appelés à vulgariser cela.
Dans la Umma islamique, ya –t-il des Etats qui viennent à votre secours ?
Le Waqf qui est connu ici-en Guinée- est éducatif, le Waqf Bid Guinée financé par la Banque Islamique de Développement. C’est au Maroc où j’ai étudié et fait des stages que j’ai appris l’importance du Waqf et ce qu’il peut apporter. Grâce au Waqf, moi j’ai personnellement fait tout le cursus scolaire, universitaire et postuniversitaire. J’ai fait des études et stages sur le waqf au Maroc. Je donne ce que j’ai reçu en formation pour que d’autres personnes s’associent à nous, pour le bien du pays.
Parlant de cette coopération de la Guinée avec le Maroc..Parlez nous du volet islamique…
Je ne peux pas dire que c’est le Maroc qui aide la Guinée plus que n’importe quel pays. Mais s’il y a trois pays, le royaume chérifien est le premier ou le troisième ! Je connais l’importance de la coopération entre ces deux pays dans tous les domaines.
Dans le domaine religieux, le Maroc est très présent en Guinée. Il a formé beaucoup de cadres et est entrain de former des imams qui seront appelés à faire la crèche, mais géreront la chose religieuse dans ce pays. Le Maroc vient d’accorder 500 bourses aux imams du pays, aide les plus jeunes à aller étudier au Maroc. Non seulement dans le domaine de l’Islam, mais dans les langues et les nouvelles technologies. Tout cela pour prôner un Islam ouvert et paisible.
La Fondation Mohamed VI des Oulémas d’Afrique est une nouvelle création marocaine qui pourra faire bénéficier les guinéens. Avec cette fondation, des guinéens qui sont auteurs d’ouvrages sur l’Islam verront leurs œuvres valorisées. Cette fondation sera un excellent cadre d’échanges entre les intellectuels musulmans de la trentaine et plus de pays membres. Cela pour améliorer l’enseignement et contrecarrer les pensées, les courants intégristes et terroristes qui empoisonnent l’environnement religieux mondial aujourd’hui. Je pense à Boko Haram, à Aqmi et autres.
Ces intégristes rentrent de nos jours dans une mosquée, déclenchent leurs bombes et tuent des musulmans au nom de l’Islam. Si nous avons une fondation aujourd’hui qui prône l’islam modéré, paisible et tolérant, nous pensons que cela est extrêmement important. Il y aura avec cette création des centres religieux , culturels pour être des vecteurs pour l’établissement d’un islam paisible, tolérant et ouvert.
Donc la violence ne peut pas arrêter ces intégristes ?
Je pense qu’avec la méthode marocaine, centrée sur la formation des Imams, des prédicateurs pour prêcher la tolérance, je suis sure qu’on arrivera à anéantir ces pensées intégristes.
Entretien réalisé par Amadou Touré