Victime du croche-pied d’une journaliste hongroise, le réfugié syrien Osama Abdul Mohsen bénéficiera de l’asile politique en Espagne, a annoncé jeudi le ministre de l’Intérieur espagnol.
Il avait été la victime d’un geste honteux alors qu’il passait la frontière entre la Serbie et la Hongrie avec sa famille. Osama Abdul Mohsen, qui avait entraîné une équipe de première division en Syrie, est arrivé mercredi soir avec deux de ses enfants à Getafe, dans la banlieue de Madrid, sur l’invitation d’une école d’entraîneurs de football. Ancien entraîneur du club Al-Fotuwa, en première division syrienne, l’homme a ému Miguel Angel Galán, directeur du Centre national de formation d’entraîneurs de football (Cenafe).
«Je n’opposerai aucun obstacle ou objection à ce que cet homme, dont nous connaissons l’histoire et qui est entraîneur de football, puisse accueillir sa famille de Syrie, vivre à Getafe (banlieue de Madrid), refaire sa vie, s’intégrer en Espagne et être heureux avec sa famille», a affirmé le ministre, Jorge Fernández Díaz, à la radio nationale (RNE).
«Le principe humanitaire prévaut sur toute autre considération» dans ce cas, a affirmé le ministre, qui a précisé qu’il s’agissait d’une «situation extraordinaire».
L’Espagne s’est engagée à accepter plus de 17.000 réfugiés sur les centaines de milliers arrivés depuis janvier en Europe fuyant la Syrie et d’autres pays en guerre.
LE CROCHE-PIED DE LA HONTE
Le 10 septembre dernier, la journaliste Petra Laszlo, caméra sur l’épaule, frappait des migrants avant de faire un croc-en-jambe sur un père et son fils qui fuyaient la police hongroise à la frontière du pays, à Roszke, près de la Serbie. L’indignation avait bien sûr été vive dans le pays, même si ce dernier est aujourd’hui politiquement aux mains d’un homme, Viktor Orban, aux idées proches de l’extrême-droite.
Les images ont choqué l’Europe et le monde entier. András Györfi, qui se définit comme un entrepreneur et un journaliste hongrois, avait dressé via une page Facebook, un mur de la honte, expliquant que son pays, la Hongrie, ne pouvait tolérer ce geste indigne. Depuis une enquête criminelle a été ouverte et la cadreuse a présenté ses excuses, expliquant avoir paniqué. Licenciée sur le champ par la chaîne qui l’employait, N1TV, proche de l’extrême-droite, Petra Laszlo se déclarait à son tour l’objet d’une chasse aux sorcières. «Je ne mérite ni la chasse aux sorcières dont je fais l’objet, ni les calomnies, ni les menaces de mort», indiquait la cadreuse dans sa lettre ouverte.
PARIS MATCH