Par Saliou SAMB- Epargnée depuis le début du déferlement de la vague d’attentats terroristes qui a frappé plusieurs capitales africaines, Ouagadougou vient de découvrir la face hideuse des djihadistes responsables des attaques coordonnées de l’hôtel Splendid et du café le Cappuccino qui ont fait près d’une trentaine de morts et de nombreux blessés. Pour nos gouvernants, l’heure doit être à l’action.
Que des individus enivrés par l’odeur du sang s’en prennent à un pays paisible comme le Burkina Faso n’est pas dénué de symbole. Jusqu’à une période récente, la diplomatie burkinabè a mené plusieurs négociations secrètes avec des leaders des illuminés qui écument la bande sahélienne pour favoriser la libération d’otages – occidentaux en général. Cette activité a laissé penser à certains « spécialistes » des réseaux djihadistes que les barbus pouvaient se faire des « amis ». Avec les événements sanglants de Ouaga, force est de reconnaître que la logique de ceux qui préfèrent un Islam galvaudé est une logique aveuglément destructrice où les solidarités se forgent au gré des intérêts du moment. A la force de la kalachnikov.
Ils ont encore froidement abattus des civils innocents pour frapper l’opinion occidentale piégée de fait par le flux d’informations sélectives et volontairement biaisées ; ils ont encore nargué la sécurité et les services de renseignements en s’infiltrant dans un hôtel de luxe pour y libérer leur haine de l’être humain. Tant que nos Etats seront incapables de prendre des décisions fermes et courageuses, de coordonner leurs efforts et leurs moyens pour stopper la spirale meurtrière, ces assassins vont continuer à semer gratuitement la mort et la terreur chez nous. Parce que leur motivation est ailleurs : dans l’appât du lucre pour leurs chefs, dans la vanité, dans la bêtise et pour se donner un sentiment de toute puissance, dans la lâcheté de tuer ou de faire souffrir ceux qui refusent la soumission. Au nom d’Allah ? Mon œil !
De l’Algérie à la Mauritanie en passant par la Lybie, l’Egypte et la Tunisie, ces voyous ont débarqué tour à tour au Nigeria, au Niger, au Cameroun, au Tchad, au Mali et depuis hier nuit au Burkina Faso. Toujours la religion en bandoulière, manipulant les plus vulnérables d’entre nous. Le schéma – qui ressemble à un jeu de dominos – est assez limpide pour que nos dirigeants comprennent que la menace est bien à nos portes.
Accepter au nom de n’importe quel principe que des individus obscurs ou incultes (parfois et les deux) roulant carrosse, gérant des mosquées bien isolées des regards curieux, souvent hors de contrôle, voilant de force nos femmes et nos filles, abreuvées à une source nauséabonde, au vu et au su de tout le monde est une erreur d’une extrême gravité. Au nom de quoi devrions-nous accepter docilement une telle situation sans que les services de sécurité n’opèrent ne serait-ce que des perquisitions de routine pour savoir exactement ce qui se passe dans ces lieux dits de culte ? Pouvons-vous laisser implanter sans broncher une université dite islamique, d’où entrent et sortent des barbus et des femmes totalement voilées (donc non identifiables), totalement coupés du reste de la société et nous étonner demain que des djihadistes aient réussi à nous infiltrer pour causer, comme à Bamako et Ouaga, des dommages irréversibles ? Non ! Si l’on continue à maintenir la bride en refusant d’agir pour, semble-t-il, éviter d’attirer vers nous le regard des psychopathes, à l’heure du bilan nous risquons de compter encore que plus de morts et plus de blessés dans nos hôpitaux.
Le minimum serait que tous les pays menacés se dotent de Cellules anti-terroriste opérationnelles et efficaces, capables de prévenir – par le renseignement – ce qui s’est passé récemment au Mali et au Burkina Faso. L’idéal serait bien entendu que nos dirigeants ouest africains mettent un terme à leurs pathétiques mises en scène en acceptant de s’engager résolument dans la lutte contre ces criminels. Le temps des salamalecs a vécu !
En définitive, nous sommes exactement dans la posture du journaliste face à son devoir d’informer sous un régime dictatorial. « Tu parles, tu meurs. Tu te tais, tu meurs. Alors parle et meurs ! ». Nous ne devons pas accepter d’être plus lâches que nous le sommes déjà. C’est une question de responsabilité.
Saliou Samb