L’éditorial de la revue britannique The Lancet du 14 mai, intitulé « Live and let dialyse », rappelle que la dialyse sauve des vies, mais reste un traitement très imparfait – en raison de la manière dont elle est réalisée ; parce qu’elle ne remplace que partiellement la fonction des reins ; et parce que, dans beaucoup d’endroits du monde, elle n’est accessible qu’à un très faible nombre de patients.
Aujourd’hui, en France, 43 000 personnes dont les reins ne fonctionnent plus survivent, et heureusement, grâce à la dialyse. Ce traitement empêche leur organisme de s’empoisonner, il doit être répété tous les deux jours et dure entre quatre et cinq heures. Avec les temps de transport, d’attente, de récupération, un tiers de l’existence est ainsi amputé. La vie qui reprend son cours entre deux séances reste le plus souvent diminuée, parfois dévastée, avec la fatigue, les contraintes alimentaires, l’impossibilité de boire à sa soif, les immenses difficultés pour continuer à travailler, l’impossibilité de s’assurer et de faire des projets, les couples qui parfois explosent, l’isolement, la grande fréquence de la dépression.
On ne peut s’en échapper. La moindre transgression des règles fait peser une menace vitale. La mortalité en dialyse approche celle des cancers graves. Bien sûr, de nombreux patients vivent depuis très longtemps en dialyse, avec une qualité de vie satisfaisante. Mais les statistiques sont là : tous âges confondus, cinq ans après avoir commencé le traitement, la moitié des patients sont décédés. Même chez les plus jeunes, le pronostic…
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