Guinée-Conakry : Editorial-Ne riez surtout pas ! Il y a apparemment péril en la demeure ! Les montagnes d’ordures qui jonchent les rues de Conakry et environs, n’épargnent nulle part et doivent être combattues. Et le « Commandant en chef des forces armées guinéennes » a vu juste.
Sacrés ces déchets de Conakry qui ont la vie dure ! Ils ne se limitent pas seulement à envahir notre belle capitale Conakry, qui désormais lâche une odeur nauséabonde, partout. Les montagnes d’ordures visibles dans les marchés, les lieux publics, les artères principales, à Kaloum le centre centre administratif, au port, vers le palais présidentiel sur l’Autoroute Fidel Castro, etc… inquiètent jusqu’au sommet de l’Etat.
La problématique de la gestion des ordures est une question qui a donné des graines à moudre aux gouverneurs qui se succèdent à Conakry. Tous, sans exception, y ont cassé leurs dents ! Certains s’étaient même emparés des quelques milliards alloués à l’assainissement de la ville de Conakry. Confondant ainsi leurs poches et les caisses publiques !
Tout comme les ministres qui se succèdent à l’Administration du Territoire. Nul n’a pu, jusqu’en ce moment, sortir la belle politique de gestion efficace de déchets des 5 communes de la capitale.
Actuellement, une guerre sans merci a été déclarée entre plusieurs institutions autour de ce dossier. Chacun voulant tirer le magot vers ses bureaux ou ses coffres-forts.
« Comment peut-on expliquer la gestion des fonds alloués à l’assainissement de la ville par une commission mixte composée de sept départements ministériels » s’interroge un cadre de l’Administration du Territoire.
Le SPTD (Service public de transfert de déchets), mis en place depuis le régime de feu Lansana Conté, existe mais dépourvu de moyens. Il n’a même le droit à la parole. Alors qu’un ancien directeur général de cette structure argue que ce service, doté de moyens et de logistiques, avec une bonne politique, peut résoudre le problème.
La propriété d’une ville est une question de professionnels, de techniciens et ces derniers existent en Guinée. Il y ‘en a même un qui travaille de nos jours au SPTD. Le Gouvernorat de Conakry doit assurer la tutelle rapprochée de ce service public. Le SPTD doit à son tour fonctionner de manière autonome sur la base de son décret de création, de ses attributions et d’un budget élaboré conformément à la réglementation en vigueur. Ces coups de subvention ne peuvent pas assainir la ville » disait Mody Mahi Barry, ancien DG du SPTD.
Depuis sa nomination à la tête du Gouvernorat de Conakry, Général Mathurin Bangoura, comme un beau diable, se débat pour débarrasser la ville des ordures. Mais le dernier communiqué présidentiel qui donne la gestion à l’Armée, décapite ses oeuvres et sa volonté.
En attendant la signature du contrat avec la société de nettoyage, le Président de la République, commandant en chef des forces armées nationales, instruit l’Etat major général des armées, à travers le bataillon du génie militaire, à prendre en charge, à partir de cet instant et ce jusqu’à nouvel ordre, l’assainissement de la ville de Conakry » dit la Présidence de la République.
Le communiqué à l’allure et l’allant militaires…Les ordures, c’est « l’ennemi » qui fatigue Conakry et environs. Sa menace est précise. D’où la nécessité pour « le commandant en chef des forces armées guinéennes » de décréter l’état de siège contre les ordures.
Celui qui connait le Droit dit que « l’état de siège, c’est une expression qui renvoie à deux situations différentes : la première, qui correspond à un fait réel, est l’état de siège militaire qui peut être déclaré par le commandant d’une place forte assiégée ou menacée par l’ennemi ».
Vrai ou faux que les montagnes d’ordures assiègent Conakry et environs? Vrai ou faux que Conakry et ses populations sont menacées par les conséquences de l’insalubrité?
Sauf que pour un spécialiste, on peut gagner de l’argent, bref faire du business avec nos ordures….
On doit considérer des déchets comme des «ressources » car c’est quelque chose qui doit apporter des revenus considérables. On doit avoir une maîtrise parfaite de la valorisation et cela doit passer obligatoirement par les «connaissances » approfondies sur les caractéristiques des déchets (ressources). Il faut les caractériser clairement et évaluer l’utilisation de chaque méthode (compostage, biogaz, thermique,…) en termes de coût et de bénéfice. Cela doit passer obligatoirement par des recherches appliquées (application d’abord à petites échelles) en partenariat avec les institutions chargées de cette problématique et les universités. Il est impossible pour un investisseur de s’engager à la construction d’une centrale de biogaz par exemple (plus d’1 million de dollars) sans qu’une étude sérieuse sur le potentiel de production du méthane selon la composition des déchets ne soit effectuée. Cela peut se faire à l’échelle des laboratoires dans les universités et c’est moins coûteux » lit-on dans une interview de Dr. Youssouf Boundou Sylla, un expert environnementaliste résidant au Canada depuis plusieurs années