Conakry, Guinée- Yaya le sait pertinemment, le saint Coran en main, qu’il a perdu la présidentielle en dépit du réajustement de la commission électorale qui situe l’écart à 20 000 voix -en sa défaveur-, entre le président élu, Adama Barrow et lui. Mais depuis 22 ans, le dictateur n’aime Jammeh la démocratie.
Pour montrer à la face du monde ce qu’il sait faire, et bien faire depuis deux décennies, le dictateur de la Gambie a fait déverser sur les rues pauvres de Banjul des forces de sécurité en grand nombre ce samedi. Il veut mâter son Peuple, déjà meurtri par son long et tumultueux règne, si jamais celui-ci déciderait de l’affronter. L’affronter? Non, pas vraiment. Mais défendre la démocratie, la voix des urnes, bref la victoire de Barrow que lui-même a déjà reconnue.
Yaya Jammeh démontre qu’il ne connait que l’utilisation de la force pour se maintenir au pouvoir. Il l’exerce encore, une fois, en dépit des pressions internationales exercées sur son pouvoir aux abois. Ce, depuis son revirement spectaculaire et historique, qui restera gravé dans l’Histoire démoniaque de la démocratie.
En ancien soldat, il a préparé « la guerre ». Entre jeudi et vendredi, selon l’AFP, le dictateur s’est attiré de la sympathie des chefs de l’armée : il a accordé la promotion à 250 d’entre eux.
Lire ici « Présence massive de forces de sécurité à Banjul »
La diplomatie africaine qui s’est mise en branle veut lui rappeler ses propos, son appel téléphonique passé au président élu de la Gambie, Barrow, diffusé par la télévision d’Etat. Mais il a juré ne Jammeh laissé atterrir l’avion transportant la présidente du Libéria, Ellen Sirleaf sur le sol gambien.
Son voisin sénégalais, qui a la même position que les Etats-Unis et l’Union africaine, envoie ses soldats d’élite à la frontière avec la Gambie. Afin de parer au plus pressé.
En Afrique, des citoyens reprochent le « manque de stratégie » du président élu, Barrow qui a menacé Jammeh de poursuites judiciaires. Et semblent vouloir donner raison au dictateur qui prend en otage son peuple. Diantre ! Comment peut-on légitimer cette attitude ubuesque d’un homme qui dirige, en ce XXième, sans partage, avec mains de fer son pays?
La menace d’être traduit devant les juridictions n’altère en rien la présidentielle et son verdict réajusté par la commission électorale. Si Jammeh sait qu’il n’a ni tué, ni violé les droits de ses concitoyens, alors qu’il accepte de sortir par la grande porte.
Encore une fois, en Gambie, comme ces deux dernières décennies, Yahya démontre qu’il n’aime Jammeh la démocratie. Et il doit être délogé de son palais pour que respire et vive la Gambie.