Conakry, Guinée : Dr Ibrahima Kourouma répond au Pr SALIFOU Sylla : Oui, Monsieur le ministre, le « petit » pharmacien a réussi à faire beaucoup de choses en dépit des difficultés traversées par notre pays que nous aimons tous (vous n’êtes pas le seul « patriote » !).
Droit de réponse
De la hauteur Monsieur Salifou Sylla !
Monsieur le ministre,
Permettez-moi de vous dire que je suis réellement surpris par la violence de vos propos tenus dans le site d’informations Guineetime.com, repris par Kababachir.com. Je suis également ébahi par la petite opinion que vous vous faites de moi. Qu’à cela ne tienne mais, en ce qui me concerne, sachez que vous n’impressionnez que vous-même avec vos titres ronflants et votre attitude condescendante. Venons-en au fait.
Si je vous ai bien compris, d’après vous, j’aurais « mis à terre l’enseignement » parce que je suis pharmacien de profession et que l’actuel président de la République a commis « l’imprudence » de me confier la tête d’un département comme celui de l’enseignement que j’ai effectivement réformé, en dépit de l’analyse biaisée et partiale que vous voulez servir à l’opinion.
Monsieur le ministre, en suivant votre raisonnement affligeant, l’actuel président de la Banque Mondiale, médecin de profession, est incompétent parce qu’il est médecin et l’ancien ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a été mauvais pour les mêmes raisons. Dites-moi, Monsieur Sylla, mépriseriez-vous tous les hommes qui assument avec talent des responsabilités aux « antipodes » de leur formation de base ? Je comprends que c’est votre vision étriquée d’un monde qui n’existe pas mais sachez que n’accepterai pas d’être votre souffre-douleur ou votre tête de turc. Ce n’est heureusement pas l’opinion du président de la République de Guinée et il a raison de ne pas vous suivre dans cette « logique » catastrophique. J’en suis désolé pour vous.
En 6 ans, mon bilan est éloquent. Ce serait fastidieux de vous en donner les détails ; entre le nombre appréciable d’écoles et de salles de classes construites en si peu de temps, la réforme concernant le corps enseignant et le personnel administratif du ministère, la revalorisation des salaires et j’en passe. Oui, Monsieur le ministre, le « petit » pharmacien a réussi à faire beaucoup de choses en dépit des difficultés traversées par notre pays que nous aimons tous (vous n’êtes pas le seul « patriote » !). Monsieur Sylla, la parole critique est facile. Ce n’est pas vous qui avez été ministre de la justice dans ce pays qui a longtemps connu des entorses flagrantes à la loi (les exemples sont infinis) qui pourrez démontrer le contraire. En tout cas, ce que je peux dire sans risque d’être démenti, c’est qu’en votre temps, vous n’avez ni réinventé la justice, ni gommé ses tares ! Seulement, contrairement à vous, je ne vous ferai pas l’offense de penser que vous avez croisé les bras dans le beau bureau que vous occupiez durant la période où vous vous sentiez si puissant. Souffrez donc que je ne verse pas dans ce genre de débat stérile et pathétique. Personnellement, je suis fier d’avoir contribué modestement à améliorer ce qui pouvait l’être, avec les moyens du bord.
Monsieur le ministre, l’élégance d’un homme, fut-il quelqu’un comme vous qui se fait visiblement une très haute idée de lui-même, se mesure d’abord par le caractère sensé de ses paroles, sa capacité à prendre de la hauteur et surtout par le respect qu’il voue aux autres. Les attaques drôlement personnelles ne sauraient vous grandir, en tout cas chez ceux qui comprennent que l’expérience devrait en principe rimer avec sagesse. Quand vous estimez que les pharmaciens sont des « petits », je vous laisse seul responsable de vos propos. Mais il est évident que vous êtes entrain de vouloir démontrer, dans un élan de rage mal contenue, que le juriste que vous êtes est au dessus des scientifiques. C’est absolument faux ! Heureusement que tout le monde ne réfléchit pas comme vous, Monsieur Sylla.
Enfin, Monsieur le ministre, je ne saurais vraiment pas vous prendre au sérieux quand vous me traitez de « voleur » en sortant de votre imagination fertile des paroles que le Président de la République n’a jamais prononcées en me désignant nommément. Que de fantasmes de la part d’un homme comme vous ! Je vais toutefois rafraîchir votre mémoire déclinante en vous soulignant que c’est exactement ce que l’on disait du gouvernement dans lequel vous siégiez avec fierté. Voudriez-vous cautionnez ces accusations ? Ne versons pas dans la légèreté de la calomnie, s’il vous plait. Ce n’est pas sérieux et je ne vous suivrai pas sur ce terrain-là.
Recevez, Monsieur le ministre, l’expression de mes salutations les meilleures.
Dr Ibrahima Kourouma, ancien ministre de
l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation