Le regard posé derrière des lunettes ovales à la monture discrète, des cheveux qui laissent entrevoir quelques boucles blanches, Mohamed Salifou Keita, à l’aube de ses 57 ans, est un Guinéen multicartes de la culture francophone, qui en a fait le fil conducteur de toute sa vie.
Diplômé en stratégie de développement, politiques culturelles internationales de l’université d’Avignon, journaliste et écrivain, il anime depuis plus de trente ans une émission littéraire, «Papier, plume, parole», à la télévision guinéenne, à Conakry. Grand voyageur devant l’Eternel, Mohamed parcourt le monde mais avoue un penchant particulier pour la France. Voilà quelqu’un qui a découvert le village du Carla-Bayle grâce à Pierre Bayle, et non pas l’inverse.
Après un premier passage l’an dernier, complètement séduit par la petite citadelle, il revient cette année, et s’installe deux mois pour écrire un roman dont Le Carla-Bayle est l’un des personnages : «J’ai été très agréablement surpris par le foisonnement d’artistes, par l’ambiance qui y règne et, bien sûr, par son histoire». Ainsi inspiré, pour ne pas dire aspiré, il bâtit un roman d’un réalisme patent : «Cela se passe entre «43» et «45», un jeune officier guinéen basé à Montauban emmène son régiment traverser l’Ariège et installe son campement sur les bords du lac du Carla-Bayle». Mohamed Salifou Keita s’est attaché à construire une fiction autour de Pierre Bayle et de ses valeurs d’être aussi, comme lui, citoyen du monde.
Auteur d’une étude de la littérature guinéenne d’expression française, l’auteur a déjà publié d’autres ouvrages, dont «Les Enfants du quartier sombre», aux éditions Publibook : une tragédie moderne, une chronique de la société guinéenne. Homme de culture, il a aussi la tâche de promouvoir l’image de la Guinée auprès des médias internationaux, répondant ainsi à la demande du Premier ministre guinéen. Il sait aussi être à l’écoute des gens et son passage au Carla-Bayle n’est pas passé inaperçu. «J’ai eu un très bon contact avec les gens d’ici, notamment les artistes, et je peux dire que je me suis fait des amis.»
Mohamed est parti porter son manuscrit chez son éditeur, à Paris, puis il rentrera à Conakry avant de refaire sa valise pour l’Amérique du Sud. Mais, c’est certain, on le reverra au Carla.
LaDepeche