La décision de la cour d’appel de Paris a alourdi la condamnation de première instance en levant le sursis sur l’amende.
La cour d’appel de Paris a condamné, lundi 10 février, Teodorin Obiang, vice-président de Guinée équatoriale, à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende pour s’être frauduleusement bâti un patrimoine considérable en France.
La justice alourdit ainsi la condamnation prononcée en première instance. Le 27 octobre 2017, à l’issue du premier procès dit des « biens mal acquis » devant la justice française, le tribunal correctionnel de Paris avait prononcé la même peine d’emprisonnement, mais avait assorti du sursis l’amende de 30 millions d’euros.
Les magistrats ont également confirmé la confiscation de l’ensemble des biens saisis, dont un somptueux hôtel particulier avenue Foch à Paris, qui reste toutefois suspendue à une décision de la Cour internationale de justice (CIJ).
Ancien ministre promu vice-président, le fils du président Teodoro Obiang Nguema ne s’est pas présenté lors de son procès en appel, pas plus qu’au premier procès il y a trois ans.
Ses avocats n’ont eu de cesse de contester la légitimité de la justice française.
Teodorin Obiang, 50 ans, a été déclaré coupable de « blanchiment d’abus de biens sociaux », de « blanchiment de détournement de fonds publics », de « blanchiment d’abus de confiance ». Contrairement au premier procès, il a toutefois été relaxé du délit de blanchiment de corruption. Les sommes blanchies en France sont estimées à 150 millions d’euros.
Hôtel particulier
Lors du procès en appel, en décembre 2019, le parquet général avait requis contre lui quatre ans d’emprisonnement avec mandat d’arrêt, 30 millions d’euros d’amende et la confiscation des biens saisis.
L’enquête, ouverte après des plaintes des associations Sherpa et Transparency International, avait mis au jour l’ampleur du patrimoine dont dispose en France Teodorin Obiang : objets d’art, voitures de luxe ou cet hôtel particulier de 101 pièces avec hammam et discothèque, décoré de marbre et pourvu de robinets recouverts d’or.
Un train de vie très éloigné du quotidien de son petit pays pétrolier du golfe de Guinée où plus de la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Dirigée depuis 1979 par Teodoro Obiang Nguema, qui détient le record de longévité au pouvoir en Afrique, la Guinée équatoriale conteste devant la CIJ les perquisitions dans l’hôtel particulier de l’avenue Foch, présenté par Malabo comme des locaux diplomatiques.
Dans l’attente de l’issue de cette procédure, l’hôtel particulier ne peut être saisi. Une série d’audiences opposant Malabo à Paris est prévue à La Haye la semaine prochaine, du 17 au 21 février.
LeMonde.fr