La route a été longue et tortueuse. Elle s’est souvent perdue dans les accidents d’un demi-siècle de vie politique. Jeudi 20 août, Joe Biden a pourtant bouclé une partie du chemin en acceptant l’investiture démocrate pour la présidentielle du 3 novembre à Wilmington, dans son Etat d’élection, le Delaware.
Au terme de son discours, qui a clôturé une convention démocrate hors norme, entièrement virtuelle, des éclairs ont éclairé la nuit, ceux d’un feu d’artifice qui remplaçait le traditionnel lâcher de ballons de ces grands-messes politiques. Joe Biden en avait fait quelques instants plus tôt la promesse.
« Le président actuel a plongé l’Amérique dans l’obscurité pendant trop longtemps. Trop de colère. Trop de peur. Trop de divisions. Ici et maintenant, je vous donne ma parole : si vous me confiez la présidence, je m’appuierai sur ce que nous avons de meilleur et non de pire. Je serai un allié de la lumière, et non des ténèbres », a-t-il assuré.
Il devait enfin se livrer à un numéro d’équilibriste, cajoler à la fois l’aile gauche du Parti et lui promettre des réformes sur le réchauffement climatique ou la question raciale sans effaroucher les modérés, y compris les républicains déçus du trumpisme. Il a invoqué Franklin Roosevelt et son New Deal, à la suite de la crise de 1929, au cours de laquelle le président avait mis en place toutes sortes de mesures révolutionnaires pour l’époque, mais il est resté vague sur son programme.
Au final, l’ancien vice-président a prononcé un discours solide, sérieux et très mordant, loin de l’image du Biden souriant et débonnaire qui visait à souligner le contraste avec Donald Trump. Il s’est beaucoup exprimé sur les échecs du président, notamment en matière de coronavirus. C’est sans doute la stratégie qu’il va adopter dans la dernière ligne droite de la campagne. « Notre président actuel a manqué à son devoir le plus basique envers la nation : il a échoué à nous protéger », a-t-il dit. « Il a échoué à protéger l’Amérique et à protéger mes compatriotes. C’est impardonnable. Si je suis élu, je vous fais la promesse de protéger l’Amérique. Je vous défendrai contre toutes les attaques, visibles et invisibles, toujours, sans exception, à chaque fois. »
Un discours salué par… Fox News
Ce discours lui attirera-t-il de nouveaux électeurs ? Depuis des années, les conventions ont de moins en moins d’impact dans la campagne électorale et il reste plus de deux mois avant le scrutin. Mais les commentateurs sur Fox News se sont montrés, une fois n’est pas coutume, très élogieux. C’est un discours « énormément efficace », a dit l’un d’eux, qui « porte un coup » aux tentatives de Donald Trump de présenter son adversaire comme un vieillard sénile.
Avec LePoint et LeMonde