Plusieurs rassemblements contre le président Paul Biya, organisés à l’appel d’une partie de l’opposition, ont eu lieu mardi au Cameroun. La mobilisation était faible globalement du côté des manifestants, alors qu’en face, les autorités avaient prévu un important dispositif sécuritaire. Des violences ont eu lieu contre plusieurs journalistes, dont notre correspondant, Polycarpe Essomba.
Les faits se sont déroulés à la mi-journée, à Yaoundé. La foule est clairsemée, des groupes de dizaines de personnes se regroupent en plusieurs points de la capitale et à Etoudi, près de chez Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), un rassemblement sans violences a lieu, jusqu’à ce que la police entre en action.
Devant le domicile de l’opposant, trois journalistes sont repérés par des policiers : le correspondant de RFI, Polycarpe Essomba, ainsi que deux confrères de l’AFP. Les policiers les interrogent, reprochent en substance à notre correspondant de nuire à l’image du Cameroun à l’étranger, puis lui assènent un coup de matraque sur la nuque.
Il est ensuite emmené dans un fourgon de police, dans lequel ils lui frappent les pieds, nus. Gardé à vue plusieurs heures dans un commissariat, Polycarpe Essomba gagne ensuite l’hôpital où il est retourné ce mercredi pour passer des examens complémentaires.
« Nous espérons que les autorités entendront raison »
Arrêtés avec lui, un journaliste et un photographe de l’Agence France-Presse ont été emmenés au même endroit quelques heures. Eux n’ont pas subi de mauvais traitements et ont été libérés. En revanche, un cameraman de la télévision Equinoxe a été brutalisé. Sur le son diffusé par la chaîne, qui a été capté par l’appareil du journaliste, on entend cris, coups et intimidations… Il a été brièvement hospitalisé suite à un malaise.
De son côté, Lindovi Ndjio du quotidien La Nouvelle Expression était toujours en cellule ce mercredi midi. « Nous regrettons les actes de ce type-là, commis vis-à-vis de journalistes. Nous espérons que les autorités entendront raison et que ce genre d’actes ne deviendront pas systématiques. Nous allons travailler pour que tous les corps de métiers entendent raison. Parce que si le journaliste doit rester au bureau, il ne fait plus son travail. Son travail est d’aller sur le terrain, collecter l’information et rendre cette information publique », a réagi leur employeur Séverin Tchounkeu, directeur général du groupe regroupant Equinoxe et La Nouvelle Expression, qui s’inquiète du climat pesant sur les journalistes camerounais.
Par ailleurs, selon le Syndicat national des journalistes du Cameroun, trois autres journalistes, de My Prime TV et Carrefour Radio, ont été arrêtés lors de la manifestation à Douala qui a rassemblé quelques centaines de personnes. Ils étaient toujours emprisonnés ce mercredi midi. Le SNJC dit travailler à leur libération.
RFI