Conakry-Guinée : Généralement pratiqué par la gente féminine, le fumage de poisson est l’une des méthodes artisanales de conservation très ancienne. Au débarcadère de Boulbinet, nombreuses sont des femmes qui tirent leur quotidien à partir de cette activité. Ces fumeuses de poisson se disent confronter aux manques de matériels pour le séchage.
Sur le flanc gauche de l’Atlantique, au débarcadère de Boulbinet, ce samedi 26 septembre, une odeur de bois fumer persiste dans l’air. Dans cet endroit, le fumage de poisson est l’une des activités principales. Cette technique traditionnelle d’assèchement de poisson emploie plusieurs de personnes qui travaillent au compte d’un four améliorer appartenant à Mariam Soumah. La quadragénaire brave quotidiennement le vent et la fumée pour satisfaire le besoin de sa clientèle. Autour du feu avec son pagne trempé de sueur, Mme Soumah peine à respecter les barrières sanitaires (port obligatoire de masques ou encore la distanciation sociale). A date, son grand soulagement a surtout été l’avènement des fours améliorés. « Avant, on utilisait beaucoup de bois dans le processus de séchage et toutes mes économies partaient dans l’achat du bois. Mais depuis l’arrivée de cette technique d’assèchement des poissons, ma production a augmenté et du coup le problème de personnel s’est posé. C’est pourquoi, j’ai fait appel à ces jeunes », nous explique Mariam Soumah, vendeuse de paisson sec. A l’image des autres métiers de la pêche, le séchage de poisson n’est pas sans conséquence. Il y a surtout la crainte d’être victime de la déshydratation ou encore des étincelles de feu qui empêchent les fumeuses pendant la production. Aussi, l’espace occupé par cette activité de fumage de poisson fait l’objet d’une revendication au niveau de la municipalité de Kaloum, nous a laissé entendre Mariame.
La journée avance trop vite, le quotidien n’est pas encore gagné, car les jeunes qui se relèvent quotidiennement dans cet atelier d’assèchement se disent confronter à d’énormes difficultés. Au total, ils sont plus d’une dizaine de jeunes qui tournent autour de ce four amélioré. Ils se disent mécontents du non accompagnement de cette activité artisanal par les autorités à tous les niveaux. « On n’a pas de moyens et nous manquons de matériels. Les responsables du débarcadère ne s’intéressent pas à nos difficultés. Ils travaillent tous pour eux-mêmes ou pour leurs familles », nous explique un employé de ce four qui a préféré garder l’anonymat. Et d’ajouter : « Nous sollicitons l’assistance des autorités. Vous constatez notre lieu de travail, nous sommes exposés à toutes sortes d’intempéries surtout en période hivernale qui coïncide malheureusement à la COVID19 », s’inquiète ce jeune visiblement désespéré.
Par manque de soutien à leurs activités, ces femmes fumeuses de poisson interpellent la municipalité et les autorités du débarcadère à faire face à leur précarité.
Saloum Condé