En Côte d’Ivoire, le kilo de cacao va s’échanger 21 % plus cher qu’il y a un an. De quoi réjouir les planteurs. Mais reste à savoir quel sera l’appétit des consommateurs en ces temps troublés de Covid-19, explique la journaliste du « Monde », Laurence Girard.
Matières premières. C’est Noël pour les planteurs ivoiriens de cacao… La bonne nouvelle est tombée jeudi 1er octobre. Pour la grande récolte qui débute, ils recevront 1 000 francs CFA (1,52 euro) par kilo de fèves brunes. Un prix dit « bord champ », fixé au plus près des plantations. Soit une augmentation de 21 % par rapport à la somme versée il y a un an, estimée à 825 francs CFA (1,25 euro).
Plus de beurre pour le cacao… La douce annonce a été faite par le président de Côte d’Ivoire en personne, Alassane Ouattara. Et pour cause. Il brigue, sur fond de tensions, un troisième mandat controversé lors de la prochaine élection présidentielle dont l’échéance est a priori fixée au 31 octobre. Or, le cacao est stratégique dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, contribuant aux ressources de 5 à 6 millions d’habitants, soit un cinquième de la population, selon la Banque mondiale. Et autant d’électeurs ?
Les multinationales du chocolat se sont mises autour de la table pour contribuer au coup de pouce sur les prix. Elles se sont engagées à verser, à partir du 1er octobre, un « différentiel de revenu décent » (DRD) de 400 dollars (341 euros) la tonne de cacao, au gouvernement ivoirien. Une initiative soutenue en France par le Syndicat du chocolat. Elle concerne également le Ghana, sachant que ce pays est le deuxième exportateur mondial de poudre brune, avec 20 % des volumes, quand la Côte d’Ivoire en représente 40 %. Les deux pays, qui avaient évoqué un temps la création d’un « OPEP du cacao », ont donc décidé cette année, d’aligner le prix versé à leurs planteurs. Les sacs de fève ne joueront plus à saute frontière.
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