L’économie africaine face au Covid-19 (3). Dans un pays où poulpes et poissons représentent 40 % des exportations, la chute des commandes espagnoles se fait durement sentir.
Une brise fraîche balaie les quais déserts. Dans le port de Nouadhibou, où sont alignées des milliers de pirogues entassées les unes contre les autres, la nuit tombe vite. « A cette heure, la plupart des embarcations devraient encore être en mer, explique un mareyeur en rangeant des caisses de poulpes. C’est la pire saison de pêche que j’ai connue. »
Un bateau accoste. Sa cargaison est débarquée sur des charrettes tirées par des ânes fatigués. Dans les cagettes, il y a bien quelques dizaines de bars et de sars, mais le compte n’y est pas. La nuit dernière, Youssoupha Sow est parti en mer vers 3 heures. Les yeux rouges du jeune pêcheur trahissent sa fatigue. Son désappointement aussi. « Avec la faible quantité de poissons qu’on ramène et l’essence qu’il faut payer, on va encore perdre de l’argent… », déplore-t-il.
L’upwelling, un phénomène océanographique qui fait de ces côtes du nord de la Mauritanie une des zones les plus poissonneuses du monde, n’empêche pas les pêcheurs de traîner leur spleen sur les quais de Nouadhibou, la capitale économique. Depuis mars, le Covid-19 a affecté les pêches artisanale et industrielle qui font vivre les 70 000 habitants de la ville. « En ce moment, il y a dix fois moins de pirogues qui sortent en mer que d’ordinaire, assure Mohamed El Mokhtar, pêcheur depuis une vingtaine d’années. J’ai pensé arrêter mais je dois faire vivre ma famille. »
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