Conakry-Guinée : Ils sont nombreux ces organisations et observateurs qui dénoncent et s’indignent face à l’utilisation de l’ethnie par les hommes politiques en Guinée. Une situation qui est d’ailleurs à la base de la détérioration du vivre-ensemble. Lors d’une conférence de presse organisée récemment à Conakry, le président du CNOSCG (Conseil national des organisations de la société civile guinéenne) est revenu sur l’origine de l’ethnocentrisme dans le pays.
Selon Dr. Dansa Kourouma, l’ethnocentrisme est un outil de l’hexagone pour avoir une main mise sur le pays. « Ce n’est pas les Guinéens qui sont à la base de l’ethnocentrisme. L’ethnocentrisme a remplacé la colonisation. Il fallait empêcher les Guinéens de s’entendre pour que l’influence étrangère continue à avoir raison sur le pays. Il fallait trouver un moyen, un virus pour injecter dans la société guinéenne pour ne pas que les Guinéens qui ont dit non à De Gaule ne puissent pas s’unir pour relever les défis du pays. Il fallait trouver un moyen pour que les intellectuels guinéens ne se regardent pas comme composante d’une même nation, il faut se diviser, il faut se regarder en Peulh, Soussou, Malinké et Forestier. Alors, ceux qui sont venus après, ils n’ont pas eu la possibilité de voir le mal à la racine et de trouver des solutions », explique-t-il.
Dr Dansa dira ensuite que la Guinée a connu pire en 1991 que ce qui se passe maintenant. « Les premières élections communales de 1991, les malins politiques m’ont utilisé comme instrument. Cela commencé à N’Zérékoré et il y a eu une violence extrême à N’Zérékoré. Ce sont des milliers de morts qui étaient enregistrés. Cela n’a rien avoir avec 10 morts, 20 morts, 100 morts qu’on parle aujourd’hui, des milliers de morts juste pour des questions ethniques », rappelle Dr. Kourouma.
Pour le président du CNOSCG, ce phénomène est de nos jours la source des problèmes de la Guinée. « La compréhension dès que tu parles, on voit c’est sous-titré « Mamadou Mouctar Diallo » en Guinée, les autres commencent à se cramponner, à se douter de ce que l’autre dit même s’il dit la vérité. Pourtant, nous prions dans à la même mosquée. C’est parce que c’est hypocrite, vous ne pouvez pas prier avec quelqu’un, vous vous serez les coudes et ce dernier-là tu le traites autrement. Le problème de la Guinée, c’est l’ethnocentrisme. L’ethnocentrisme nous empêche de voir clair. On ne voit plus la réalité, mais plutôt l’ethnie. Le deuxième mal de la Guinée, c’est la corruption de l’élite, chacun a peur de la pauvreté. Donc, c’est la peur de la misère qui fait que l’élite guinéenne est corrompue », conclut Dr. Dansa Kourouma.
Oumar Camara