L’annonce de la nomination du nouveau gouvernement, suite à l’élection du Président de la République, le Professeur Alpha Condé, le 18 octobre 2020, vient mettre fin à plusieurs mois d’attente, de spéculations et d’accalmie.
Je tiens de prime abord à féliciter chaleureusement la nouvelle équipe gouvernementale avec à sa tête, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, le Docteur Ibrahima Kassory Fofana. Ce premier gouvernement de la 4ème République est composé de femmes et d’hommes compétents et talentueux qui sont, sans aucun doute, guidés par le service de l’intérêt général et qui ont pris toute la mesure de la tâche qui les attend au cours de cette nouvelle mandature, tant les attentes de nos concitoyens sont nombreuses.
Ce sont 30% à 50% des ménages qui ont vu leur revenu baisser. Cette baisse de revenu a contribué fortement à la dégradation de leurs conditions de vie. Au niveau des entreprises, 80% des entreprises formelles ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires. Quant aux entreprises informelles, 91,5% ont vu leur chiffre d’affaires baisser et nombreuses sont celles qui sont confrontées à des difficultés de trésorerie. Et ce, malgré la forte impulsion lancée par le Président de la République depuis qu’il dirige notre pays, car il faut être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître le grand bond en avant en matière de développement socio-économique, qu’a fait notre pays entre 2010 et 2020.
Cependant, les défis que seront amenés à relever les nouveaux membres du gouvernement ne devront pas être pris à la légère, d’autant plus que le changement de cap annoncé par le Président de la République, à travers le concept de « Gouverner autrement ! » laisse espérer à nos concitoyens une nouvelle ère plus prospère et plus sereine. Une nouvelle ère dans laquelle s’enracine la vision du Président de la République de construire une Guinée meilleure. L’engagement politique et l’amour que chacun de nous a pour la Guinée vont au-delà du temps et des circonstances. Nous devons nous retrouver autour de certaines valeurs. Les valeurs tirées de la diversité de notre pays doivent être le socle de notre nation, notamment la paix, la solidarité, le partage, l’intégrité, l’humilité, l’excellence et l’engagement.
Le premier défi du gouvernement est celui de l’éducation et de la promotion de la jeunesse. Notre pays est majoritairement jeune avec 44% de moins de 15 ans. Il s’agira d’œuvrer sans relâche à bâtir une société dans laquelle nos enfants, garçons comme filles, bénéficieront d’une éducation et d’une formation de qualité. L’éducation est la clé de l’épanouissement, du développement social et de l’affranchissement économique. C’est pourquoi, la transmission intergénérationnelle et des savoirs fondamentaux doivent être une priorité. Notre jeunesse doit pouvoir inspirer notre nation par ses talents, ses savoir-faire et innovations. Il faudra également inculquer les valeurs républicaines à notre jeunesse en intégrant l’éducation à la citoyenneté dans les programmes scolaires et le service civique dans le cursus universitaire. Aussi l’économie du sport et le développement de l’industrie culturelle ne doivent pas être minimisés. Ce sont des gages de développement économique et social.
Garantir une meilleure santé pour tous est le deuxième défi. En effet, notre système sanitaire a été durement éprouvé par les épidémies et pandémies. Il va être question d’accentuer les efforts déjà engagés pour développer notre système de santé afin qu’il soit en mesure de faire face à tout type de problématique sanitaire et ainsi permettre à chaque guinéen de pouvoir bénéficier d’un accès universel à des services et soins de santé de qualité. Il s’agira également de renforcer le déploiement de structures de santé afin de rapprocher les offres de soins des populations. Aussi, renforcer le déploiement du personnel sanitaire dans les zones rurales.
Le troisième défi est le renforcement de notre démocratie. Cela passe nécessairement par le rétablissement de l’autorité de l’État et la dépolitisation de l’administration publique. Le nouveau gouvernement aura à promouvoir une démocratie participative avec davantage d’autonomie des collectivités locales. La participation des citoyens à la gestion des services publics locaux constitue l’une des nouvelles exigences de toute société moderne. Les citoyens doivent être davantage impliqués dans la gestion des affaires publiques.
Également, une importante réforme de notre administration publique s’impose. Il faudra améliorer la qualité du service public par sa transformation digitale progressive. Notre administration ne doit pas rester en marge de la révolution numérique. Cela permettra la simplification des démarches administratives, notamment, par la facilité d’accès pour nos concitoyens au service public, la qualité de leur accueil et le traitement dans un délai raisonnable de leurs demandes. Il doit parallèlement s’opérer une amélioration des conditions de travail des fonctionnaires ainsi qu’une stratégie d’attraction et de rétention des cadres. Seules la méritocratie et la compétence doivent primer dans les critères de sélection. Aussi, la lutte contre l’impunité et la promotion de la bonne gouvernance doivent demeurer une priorité.
Enfin, notre système judiciaire doit jouer son rôle d’arbitre et de régulateur social en étant plus libre et plus indépendant. La justice est le garant des droits et libertés individuelles et collectives. Elle est un maillon indispensable pour le respect de l’État de droit et la protection des droits de l’homme. Un pouvoir judiciaire indépendant signifie que toutes les victimes peuvent demander une réparation, que tous les auteurs de délits et de crimes sont traduits en justice, et que toute personne suspectée de crime a le droit à un procès équitable. Notre justice doit être en mesure de faire appliquer le principe selon lequel tous les citoyens guinéens sont égaux en droits et en devoirs et que nul n’est au-dessus de la loi. C’est seulement à ce prix que nous pourrons ramener la confiance de nos concitoyens dans les institutions républicaines.
Le quatrième défi est la réduction de la pauvreté et des inégalités sociales. Le taux de pauvreté est évalué à 41,82% avec des disparités plus ou moins importantes selon les régions. A titre d’exemple, l’incidence de la pauvreté est beaucoup plus accentuée à Kindia avec 59,66% par rapport à Conakry où 18,07% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. En plus des disparités régionales, la pauvreté est beaucoup plus marquée en milieu rural car son incidence est de 53,12% contre 21,29% en milieu urbain. Le constat est criard, la plupart de nos populations qui vivent sous le seuil de pauvreté sont en milieu rural. Leur survie et leur sécurité alimentaire dépendent de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Toutefois, comme ils n’ont ni les ressources ni les savoirs nécessaires pour investir dans la mise en valeur de leurs activités et de leurs moyens d’existence, ils n’ont souvent accès ni aux avancées technologiques ni aux marchés et aux financements qui leur permettraient d’améliorer significativement leur productivité et leurs revenus. A cet effet, il est primordial d’agir sur les domaines pertinents, avec comme préoccupation perpétuelle l’amélioration des conditions de vie des populations. L’objectif étant de créer davantage de richesses mais surtout de les redistribuer équitablement.
Le cinquième défi est l’autonomisation de la femme guinéenne. Les femmes comptent pour 52% de la population guinéenne donc plus de la moitié. Dans notre société encore très conservatrice, le gouvernement devra accentuer davantage la promotion et l’émancipation de la jeune fille et de la femme guinéennes. Cela passe nécessairement par l’application effective des lois relatives à la protection et à la promotion de la femme, notamment la loi instituant la parité entre les hommes et les femmes pour l’accès aux mandats électoraux et aux fonctions électives dans les institutions publiques ainsi que les lois réprimant toutes formes de violences faites aux femmes qu’elles soient morales ou physiques. Par ailleurs, les femmes participant fortement aux activités économiques doivent être soutenues et accompagnées.
Cependant, il faudrait tout de même noter que plusieurs initiatives présidentielles ces dernières années vont dans ce sens. Il s’agira de les renforcer et de les consolider afin qu’un plus grand nombre de femmes puisse en bénéficier.
Le sixième défi est le perfectionnement de l’outil diplomatique de la Guinée. Notre diplomatie doit prendre part activement à toute initiative visant au renforcement et à la consolidation de l’intégration africaine. Il conviendra aussi d’accroitre nos échanges commerciaux, ainsi que nos relations de coopération avec les pays de la sous-région. Également, l’outil diplomatique guinéen devra servir au mieux nos concitoyens à l’étranger car la diaspora est un outil de développement économique et social important dont on ne pourrait faire l’économie. Le gouvernement doit absolument faire rayonner notre pays dans le monde à travers sa diplomatie.
Enfin le septième défi est le renforcement de notre cohésion sociale. Après tous ces nombreux mois de tensions et de crispations, le nouveau gouvernement aura la responsabilité de jouer la carte de l’apaisement et du dialogue afin de garantir la stabilité à notre pays. Le Président de la République a fait preuve d’une grande humilité en tendant la main à ses adversaires politiques. Le Gouvernement devra à son tour s’inscrire dans cette dynamique qui lui permettra d’évoluer dans un environnement moins hostile et plus serein.
Tous ces défis sont prioritaires et doivent être relevés avec acharnement et détermination. Je formule tous les vœux de réussite et de succès à notre Gouvernement dans leur tâche et nous, en tant qu’élus du Peuple, nous demeurons engagés aux côtés de nos institutions constitutionnelles afin que ces nombreux défis soient relevés car la réussite du pouvoir exécutif sera la réussite de toute la Guinée.
Zeinab Camara
Députée