Conakry-Guinée : Même si l’orpaillage se pratique dans tout le pays, la Haute Guinée est restée depuis des millénaires la proie des exploitants artisanaux et industriels d’or et de diamant. Donc, une vocation qui atteint son paroxysme en Haute Guinée, mais paradoxalement ces forces d’exploitation consacrent très peu de ressources en faveur de l’environnement soumis à la déforestation, aux incendies des forêts et d’habitats sans oublier le rythme inquiétant d’ensablement de nos principaux cours d’eau par la destruction des sources.
Dans les carrières aurifères de nos villes et villages où l’orpaillage reste et demeure l’activité principale des citoyens, la vie est quasiment au ralenti. Parce que l’exploitation artisanale de l’or est l’activité favorite des autochtones de ces contrées. A ce jour, on rencontre des sites d’exploitation surtout en Haute Guinée où l’exploitation remonte vers 1922. Dans ces différents sites d’exploitation, le tableau colorant la nature est alarmant et révoltant sur toute la ligne.
Le fait de la fragilité de l’écosystème est davantage renforcée par divers exploitations des forêts avec pour motif le commerce du bois, troisième activité principale des populations après les mines et l’agriculture. Le crime va jusqu’à la perturbation des cours d’eau par des pratiques irrationnelles comme pour les fours à fabrique, le déboisement des berges, la construction des digues dans les lits des cours d’eau pour le réseau routier.
En Haute Guinée, on assiste à des spectacles désolants à des endroits. Par exemple, le déversement des eaux résiduaires provenant des bassins de décantation des sociétés minières comme AREDOR, SMB, SEOGUI, SAG pour ne citer que celles-là.
A cela, s’ajoute l’utilisation de produits chimiques explosifs pour la pêche, le déversement des ordures sur les rives des cours d’eau, le transport et le déversement des rebuts pour les orpailleurs.
Dans ces zones aurifères, il est aussi indispensable de s’attarder sur l’activité minière qui a tendance à déformer la partie géologique des villes et villages abritant des sites d’exploitation avec pour corollaires la perte des potentialités hydrauliques, la disposition des cours d’eau, la perturbation du calendrier agricole, la perte de surfaces cultivables et de rendements.
Pour des propriétaires des mines, hommes respectés et craints, mais qui ignorent totalement les conséquences de la dégradation de l’environnement, il n’y a de soucis que la récupération des frais d’exploitation des puits. Quant à la réparation ou la restauration de l’environnement, les exploitants artisanaux se disent n’avoir pas les moyens suffisants pour faire face à la restauration.
Les autorités des communes rurales se trouvent confronter au non-paiement des frais de restauration des zones à exploiter. L’Etat doit porter son regard sur cette situation qui ne fait que fait détruire les bienfaits de la nature.
Quant aux services de l’environnement, premiers intéressés des dégâts causés, pointent un doigt accusateur sur la direction des Mines qui ne cesse de récupérer des taxes sans pour autant investir dans la restauration. En plus des menaces de disparition des cours d’eau par les exploitations aurifères et alluvionnaires du diamant ou de l’or, les puits restent grandement ouverts, abandonnés par leurs propriétaires. Un danger permanent pour les êtres humains et les animaux.
Le sédentarisme est aussi loin d’être le lot des exploitants artisanaux. Au contraire, ils évoluent au gré du succès de telle ou telle zone. Le cycle de migration permanent a autorisé dans l’impunité la coupe abusive et incontrôlée du bois à la seule fin de se faire une hutte de fortune. Sommes toutes dans les zones minières, l’orpaillage tue la faune et la flore sans inquiéter les exploitants qui s’intéressent que à ce que leurs patrons rétrocèdent pour vivre leur vie.
Saraf Dine Condé