Conakry-Guinée : La menuiserie est un métier généralement réservé aux hommes de par la difficulté et l’endurance qu’il exige dans sa pratique quotidienne. Malgré tous ces aspects, dame Djéssira Diabaté a préféré choisir la menuiserie comme son métier de prédilection pour nourrir sa famille.
Aujourd’hui, même étant confrontée à de nombreuses difficultés, cette menuisière n’attend rien de personne et souhaite seulement que l’État accompagne les femmes qui se battent de façon particulière pour subvenir à leur besoin. En ce jour du 8 mars, Journée internationale des droits de la femme, célébrée sous le thème : « Leadership féminin pour un future égalitaire dans le monde de la COVID-19 », notre rédaction a fait immersion dans son atelier situé à la rentrée de la commune de Kaloum.
Djéssira Diabaté, la quarantaine, mère de 4 enfants, voulait être médecin après l’obtention de son baccalauréat en 1987, mais sa mère étant malade et personne n’y était à l’époque pour s’occuper de la vieille dame dans sa prise en charge sanitaire, elle préféra chercher cela de façon prompte comment sortir la personne qui lui ait cher dans cet état. Le cursus de la médecine étant long. Motivée, elle choisira alors de s’orienter dans une école professionnelle appelée IPS de nos jours devenue CFP (Centre de formation professionnelle, option menuiserie). « Je voulais être indépendante, rendre service à mon pays, être exemplaire en Guinée et autonome. Si je n’ai rien aujourd’hui, mais je suis exemplaire car quand on dit une femme menuisière, tout le monde est curieux de la voir parce que la menuiserie est dure. Mais quand tu aimes quelque chose, tu pourras la maîtriser à ta guise », explique-t-elle.
De la coupe du bois en passant par le rabotage jusqu’au vernissage, Djéssira Diabaté les fait à main nues sans équipements adéquats. Comme tout métier, cette menuisière se dit confrontée à un problème de matériels. « Premièrement, je n’ai pas d’équipements, aller payer le madrier à Dabondy (Commune de Matam), je peux passer toute la journée voir même jusqu’à la nuit seulement pour l’achat de ce matériel. C’est un peu difficile, mais comme c’est mon destin, je me plie à cette volonté divine».
C’est en 2012 que Djéssira a perdu son mari, la seule personne ou presque qui l’encourageait dans l’exercice de son métier. Aujourd’hui, elle vit grâce aux fruits de la menuisière installée à quelques encablures de la Direction nationale de la Météorologie, dans la commune de Kaloum. « Ce métier-là me nourrit, car je ne suis pas dans la rue après la mort de mes parents et mon mari. Grâce à ce métier, je suis autonome aujourd’hui, mes enfants vont dans les écoles privées ou je paye leur scolarité, la dépense de la famille comme tous les problèmes de la famille », dit-elle.
Le marteau, la scie, la tenaille ou encore le centimètre sont les outils de travail avec lesquels elle ne se sépare jamais. Cette journée du 8 mars, pour cette menuisière, doit être une occasion d’interpeller la conscience collective des femmes à l’ endroit des autorités. « C’est pour montrer les femmes, dire à la population et à toute la nation surtout au Président Alpha Condé que tout ce que les hommes peuvent faire, les femmes peuvent le faire également », soutient cette menuisiers.
Récemment, dame Djessira a failli avoir des problèmes avec sa clientèle, les agents de l’habitat sont venu déguerpir une partie de son atelier sans la prévenir et tous les meubles déjà prêt à être livrés ont été démolis par la machine.
Moïse Rama Fils