Alors que le Covid-19 – d’abord détecté dans le pays, en décembre 2019 – semble ne plus être qu’un mauvais souvenir, la Chine signe une croissance record au premier trimestre 2021 avec un bond de 18,3 % de son produit intérieur brut (PIB) sur un an. Il y a un an à la même période, le PIB de la Chine au premier trimestre 2020 s’était effondré de 6,8 %, sa plus mauvaise performance économique en quarante-quatre ans.
L’amélioration progressive des conditions sanitaires a permis à la Chine de retrouver un niveau d’activité prépandémie à la fin de 2020. Et le pays a été l’un des rares au monde à dégager une croissance positive cette même année (+ 2,3 %). « Dans l’ensemble, la reprise s’est poursuivie au premier trimestre » 2021 et cela marque « un bon départ », a relevé devant la presse une porte-parole du Bureau national des statistiques, Liu Aihua.
La Chine signe une croissance record depuis le début de ses publications trimestrielles sur le PIB en 1992. D’ailleurs, cette forte accélération du PIB chinois au premier trimestre était largement anticipée : un groupe d’analystes interrogés par l’Agence France-Presse (AFP) tablait sur une hausse encore plus importante, de 18,7 %. « Les fondements de la reprise doivent être consolidés », a averti Mme Liu, évoquant notamment les « incertitudes » qui persistent dans le monde sur le plan épidémique.
Une croissance en trompe-l’œil
Mais ce bon résultat est en trompe-l’œil : la forte croissance du premier trimestre 2021 est principalement lié à la faible base de comparaison avec le début de l’année 2020, quand l’économie chinoise était paralysée par le virus, a admis Mme Liu. Ainsi, le chiffre de la croissance « ne renseigne guère sur la dynamique actuelle de l’économie », prévient l’analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.
Bien que sujet à caution, le chiffre officiel du PIB de la Chine est toujours scruté de près, compte tenu du poids du pays dans l’économie mondiale. « Le principal moteur de la croissance au premier trimestre ont été les exportations », en particulier de produits électroniques (pour le télétravail) et d’équipements médicaux vers les Etats-Unis et l’Union européenne, a fait savoir à l’AFP l’économiste Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit.Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Chine se projette dans l’après-Covid
En mars, les exportations chinoises sont restées robustes (+ 30,6 % sur un an), au moment où une grande partie du monde est toujours frappée par l’épidémie. Cependant, « la reprise reste inégale, avec une consommation des ménages à la traîne » du fait notamment du chômage, a relevé dans une note récente l’analyste de la banque HSBC, Qu Hongbin. Certains secteurs peinent à retrouver leur niveau prépandémie, à l’image du transport aérien et ferroviaire, dont le niveau d’activité plafonne à 60 %.
Objectif d’au moins 6 % en 2021
« Un rebond complet de la consommation des ménages est conditionné à la campagne de vaccination et à une amélioration du marché du travail », estime l’analyste du cabinet Oxford Economics, Louis Kuijs. Le taux de chômage, seulement calculé pour les urbains, s’est affiché en mars à 5,3 %, après un record absolu de 6,2 % en février 2020, au plus fort de l’épidémie.
Ce critère dresse toutefois un tableau incomplet de la conjoncture économique : en Chine, le chômage ne tient pas compte des près de 300 millions de travailleurs migrants, d’origine rurale, lourdement pénalisés l’an dernier par l’épidémie.
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