Les autorités croyaient que Mamadi Camara avait désarmé et tiré sur un agent.
Le père de famille sans histoire accusé à tort d’avoir désarmé un policier et tiré sur lui à Montréal réclame 1,2 million $ aux autorités pour la saga qui lui a valu six jours de détention préventive avant d’être complètement innocenté.
« Son arrestation […] a fait les nouvelles autour du monde, jusque dans son pays d’origine, la Guinée. Sa réputation est donc entachée et pas uniquement au Québec, mais dans le monde entier », peut-on lire dans la poursuite déposée par Mamadi III Fara Camara et ses proches, mercredi au palais de justice de Montréal.
M. Camara, 31 ans, avait vécu un cauchemar en janvier, quand il revenait de l’aéroport. L’agent Sanjay Vig, de la police de Montréal, croyait l’avoir vu avec un cellulaire au volant et l’a interpellé. Or, pendant l’intervention et en revenant à son véhicule, le policier a été attaqué par-derrière. Il a été désarmé avant de se faire tirer dessus.
Le suspect avait ensuite pris la fuite, alors que Camara restait dans sa voiture et tentait de contacter le 911. Un autre policier l’aurait ensuite autorisé à quitter les lieux.
Sauf que sur le chemin du retour, l’agent Vig aurait identifié M. Camara comme le tireur. Lors de son arrestation, les policiers auraient été violents, en plus de l’insulter, selon ses avocats, Mes Virginie Dufresne-Lemire, Alain Arsenault et Justin Wee.
Intimidation
Si le vrai suspect, Ali Ngarukiye, a été arrêté seulement sept semaines plus tard, M. Camara a quand même été écroué et accusé.
« Lors de son arrivée et pendant tout le temps de sa détention, M. Camara se fait regarder de manière intimidante par les gardiens ; on l’identifie comme le tueur de policiers », déplorent ses avocats.
Sa conjointe, enceinte à l’époque, s’est de son côté « écroulée » en apprenant la nouvelle. Il a été exonéré quelques jours plus tard, alors que les policiers auraient dû savoir que M. Camara était innocent « deux minutes » après l’agression, selon Me Arsenault.
« Couleur de sa peau »
Pour M. Camara, il a été victime d’une enquête en vision tunnel et de profilage racial, étant accusé à cause de « la couleur de sa peau et son origine ethnique. »
Il a donc intenté une poursuite de 1,2 M$ en son nom, mais aussi en celui de ses proches, dont sa conjointe, qui a depuis accouché de jumeaux. Elle avait d’ailleurs été hospitalisée à la suite du stress vécu par cette affaire.
« Elle n’en revenait pas de la manière dont elle, son conjoint et sa famille étaient traités par les policiers et autres acteurs du système », est-il déploré dans la poursuite.
Le Journal de Montréal