L’ancien secrétaire d’État sous George W. Bush, Colin Powell, est décédé à l’âge de 84 ans de « complications liées au Covid-19 », a annoncé sa famille, lundi 18 octobre. Dans un communiqué, l’ancien président Bush a salué un « grand serviteur de l’État » qui était « très respecté ». Il avait été le premier Afro-Américain à occuper la tête de la diplomatie américaine.
« Nous avons perdu un mari, un père, et grand-père remarquable et aimant, et un grand Américain », ont-ils déclaré dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, précisant qu’il était « entièrement vacciné ».
Colin Powell est décédé à l’hôpital Walter Reed, situé dans la banlieue de Washington, où sont souvent soignés les présidents américains.
Général quatre étoiles de l’armée de Terre, il a été le premier Afro-Américain à avoir occupé le poste de chef d’état-major des armées sous le mandat du président George H. W. Bush. Il est ensuite devenu chef de la diplomatie américaine sous la présidence républicaine du fils, George W. Bush. Il a alors dû se faire l’avocat de l’invasion en Irak, en 2003.
«Tellement apprécié qu’il avait reçu la médaille présidentielle… deux fois»
Pour le président démocrate Joe Biden, Colin Powell représentait « les idéaux les plus élevés de la diplomatie et de l’armée », a-t-il salué lundi, ajoutant que l’ex-militaire était « un patriote à l’honneur et à la dignité inégalés », ainsi qu’un « un ami cher ».
Le ministre américain de la Défense a également rendu hommage à un « grand homme ». « Le monde a perdu l’un de ses plus grands hommes », a déclaré Lloyd Austin lors d’un déplacement à Tbilissi, capitale de la Géorgie. « J’ai perdu un grand ami et un mentor », a-t-il ajouté.
Peu après l’annonce de sa famille, George W. Bush a salué la mémoire d’« un grand serviteur de l’État ». « De nombreux présidents se sont fiés au jugement et à l’expérience du général Powell », a noté l’ancien président républicain dans un communiqué. « Il était très respecté dans le pays et à l’étranger », a-t-il ajouté. Selon l’ancien président républicain, il « était tellement apprécié des présidents qu’il avait reçu la Médaille présidentielle de la liberté… deux fois ».
Né le 5 avril 1937 à Harlem, dans une famille d’immigrants jamaïcains, Colin Powell a grandi à New York où il a étudié la géologie. Après avoir été un étudiant pas « particulièrement brillant », selon ses dires, il s’engage dans l’armée en 1958, d’abord posté en Allemagne. Il part pour le Vietnam, où il est blessé deux fois, avant de monter dans la hiérarchie militaire, devenant conseiller militaire de John F. Kennedy, rapporte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin.
Une fois à la tête de l’état-major des armées, il supervise l’opération « Tempête du désert » lors de la première guerre du Golfe, en 1991.
Sa prestation «douloureuse» pour l’invasion de l’Irak, une «tache» dans sa carrière
Lorsque George W. Bush accède lui aussi à la présidence, le premier Afro-Américain nommé secrétaire d’État devient l’avocat de la guerre en Irak. Il présente alors le 5 février 2003, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, une longue allocution sur les armes de destruction massives (ADM) prétendument détenues par l’Irak. La deuxième intervention américaine sera rendue possible grâce à ce document, dont on apprendra plus tard qu’il était truffé de fausses informations.
Il a admis par la suite que cette prestation « douloureuse » avait été était une « tache » sur sa réputation : « C’est une tache, parce que je suis celui qui a fait cette présentation au nom des États-Unis devant le monde, et cela fera toujours partie de mon bilan. »
Cette expérience est peut-être la raison pour laquelle, bien qu’engagé auprès du Parti républicain, il avait toujours gardé sa liberté de conscience et de parole, faisant partie des modérés au sein des républicains. Colin Powell n’a pas hésité à prendre ses distances avec son parti, soutenant, par exemple, en 2008 la candidature du démocrate Barack Obama, qui allait devenir le premier président noir des États-Unis.
En 2020, il avait annoncé qu’il voterait pour Joe Biden, en dénonçant les « mensonges » de Donald Trump, après avoir déjà voté pour Hillary Clinton lors de l’élection précédente. « Je n’aurais jamais utilisé ce mot pour aucun des quatre présidents pour lesquels j’ai travaillé : il ment », avait-il affirmé.
(Avec AFP et Reuters)