Conakry-Guinée : L’interdiction de manifestation du gouvernement guinéen n’a pas empêché les panafricanistes d’exprimer leur position par rapport aux sanctions de la CEDEAO contre le Mali. Dans un langage déterminant, l’activiste Kemi Seba a qualifié cette sanction de l’institution sous-régionale d’agression à la volonté de la population. L’enceinte de l’ambassade du Mali, situé à la Camayenne, commune de Dixinn, a servi de cadre à cette manifestation de solidarité ce samedi 22 janvier 2022.
«Ce qui maintiendra l’Afrique en arrière, c’est la soumission systématique de nos dirigeants aux intérêts occidentaux. Nous devons avoir le courage de le dire. Dire cela ne signifie pas que nous sommes opposés à d’autres peuples parce qu’ils ont une autre couleur de peau. Ce serait une bêtise que de dire ça. La souffrance est universelle, la douleur, elle est universelle, l’injustice sociale est universelle. Donc, nous ne sommes pas opposés à d’autres peuples à cause de leur origine ou de leurs couleurs de peau. Moi-même qui vous parle, je suis né en France et je ne le renierai jamais, on ne choisit pas son lieu de naissance. Seulement, nous nous opposons à des politiques uniques, injustes qui appauvrissent des peuples qui sont déjà appauvris par un système de prédation néolibérale, un système de prédation capitaliste de manière globale», a réagi le panafricaniste Franco-béninois.
Plus loin, cet activiste a fait savoir que leur combat est loin de semer le chaos ou le désordre, mais plutôt qu’ils appliquent un principe universel. «Les sanctions qu’a lancées la CEDEAO contre le Mali sont des sanctions en réalité qui agressent la volonté de souveraineté de nos populations, la volonté de nos États de se tourner vers d’autres partenaires, la volonté de la population africaine de se dire qu’il existe un autre monde en dehors des intérêts occidentaux (…) La jeunesse panafricaniste exprime sa profonde solidarité vis-à-vis de la population malienne. Notre souffrance est celle du Mali et si nous pensons que la souffrance du Mali est celle des Maliens, quand ces sanctions vont arriver ici, il ne faudrait pas que l’État guinéen attende du panafricaniste que nous soyons solidaires de ce dernier parce que la situation des uns doit toujours être la situation des autres», déclare-t-il.
Après ce sit-in, un document a été remis à l’ambassadeur du Mali en Guinée, Modibo Traoré, qui a salué l’engagement de ces jeunes panafricains avant de rappeler que ce message sera transmis aux autorités maliennes. A noter que ce sit-in a connu la participation de plusieurs jeunes africains venus de différents pays de la CEDEAO.
Moïse Rama Fils