Conakry-Guinée : La quasi-totalité de la classe socio politique guinéenne a répondue ce lundi 27 juin à l’invitation du Premier Ministre Mohamed Béavogui pour la session inaugurale du cadre de dialogue social pour une transition inclusive. Prenant part à cette rencontre importante, le leader du parti Mouvement Populaire Démocratique de Guinée (MPDG) n’a pas mâché ses mots à l’endroit de l’assistance, notamment toute la classe politique guinéenne sans exception.
Siaka Barry a estimé que la sincérité n’existe pas entre les acteurs. «Pour bâtir la paix, il faut la bienfaisance. Pour bâtir la paix, il faut de la confiance. Pour bâtir la paix, il faut la justice. Posons-nous la question de façon très sincère. Nous qui sommes dans cette salle, nous acteurs politiques, existe-t-il aujourd’hui la bienfaisance entre nous dans ce pays ? Je répondrai non. La solidarité a disparue. Existe-t-il la confiance entre nous dans cette salle ? Je dirai non. Ne faisons pas la politique de l’autruche. Il n’y a pas de confiance. Entre les acteurs politiques, nous nous regardons en chien de faïence. Entre nous et le CNRD, nous nous regardons en chien de faïence. Entre le gouvernement et nous, nous sommes à couteaux tirés. Il n’y a plus de confiance. Existe-t-il la justice ? Nous avons une justice aujourd’hui chancelante. Nous avons une justice qui avait commencé par nous rassurer par la création de la célèbre CRIEF. Oui, pour les acteurs politiques ou administratifs qui ont eu un jour à gérer les deniers publics doivent se soumettre à la reddition des comptes. Mais le schéma aujourd’hui qui sous-tend la démarche de la CRIEF commence à devenir de plus en plus inquiétante« , a fait remarquer l’ancien Ministre de la Culture.
Et d’ajouter : « Comment allons-nous bâtir une Guinée de paix si les principaux acteurs politiques aujourd’hui sont inquiétés sur une base politique ? Ce n’est pas possible. Allons dans une démarche inclusive. Jamais au cours de l’histoire de la Guinée, nous n’avons enregistré autant de méfiance et de suspicion entre les acteurs politiques. Jamais. Aujourd’hui, un ancien Premier ministre croupit dans les cachots du désespoir. Aujourd’hui, un ancien président de l’Assemblée nationale croupit dans les cachots du désespoir. Aujourd’hui, on a créé une tunique à la Dalaï Lama qu’on est en train de confier à Cellou Dalein Diallo qui est en train de se promener à travers le monde. Aujourd’hui, on a réduit Sidya Touré au rôle d’un simple SDF. Monsieur le Premier ministre, je ne suis pas contre la justice, mais mettez-vous en œuvre pour que cette justice soit enfin diligente. Que ceux qui sont arrêtés, au lieu de dénier à ceux-là, le statut de prisonnier politique, qu’on les situe sur leur sort. C’est ce qui pourra profiter à la paix et à la sérénité. On a toujours dénié que Ibrahima Kassory Fofana n’est pas un prisonnier politique. Je vous dirai que s’il n’est pas un prisonnier politique, personne ne peut dénier qu’il est un politique en prison. Amadou Damaro Camara n’est pas un prisonnier politique, mais c’est un politique en prison. Cellou Dalein Diallo n’est pas un exilé politique, mais c’est un politique en exil. Monsieur le Premier ministre, impliquez-vous pour que la paix revienne. Quant aux questions liées au retour à l’ordre constitutionnel, ces questions sont d’ordres techniques. Il vous appartient à vous et à Monsieur le ministre de l’Administration du territoire de statuer là-dessus. Le contenu du chronogramme, le contenu du fichier, la question sur l’OGE qui n’est pas encore tranchée et quoi sais-je encore ? Ces questions d’ordre technique, aujourd’hui ne doivent pas voiler ces premières questions d’ordre vital de notre nation. Parce que in fine, l’objectif de cette transition n’est pas simplement un retour à l’ordre institutionnel. L’objectif est de parvenir à des institutions viables, des institutions stables qui peuvent bâtir le développement de demain. Or, dans ce pays, on parle peu de développement. Pour finir monsieur le Premier ministre, j’aimerai que vous transmettiez très fidèlement et très sincèrement à son excellence le colonel Mamadi Doumbouya, qu’il accepte que cette phase transitoire soit une phase de révolution pour la Guinée. Mais qu’il cesse de faire croire que le 5 septembre a donné simplement naissance à une révolution de palais« , a-t-il déclaré.
Moïse Rama Fils