Le tout-puissant président rwandais Paul Kagame a prêté serment dimanche pour un quatrième mandat, assurant que la paix régionale était sa « priorité » face au conflit en cours en RDC voisine.
M. Kagame, 66 ans, a remporté la présidentielle le mois dernier avec un score de 99,18% des voix – un chiffre qui, selon les défenseurs des droits humains, montre l’oppression du régime rwandais.
Plusieurs dizaines de chefs d’Etat et d’autres dignitaires africains ont fait le déplacement pour assister à la cérémonie d’investiture, organisée dimanche après-midi dans un stade de 45.000 places bondé de la capitale Kigali, où beaucoup portaient les couleurs du drapeau rwandais (vert, jaune et bleu).
M. Kagame a prêté serment devant le président de la Cour suprême Faustin Ntezilyayo, s’engageant à « préserver la paix et la souveraineté nationale » et à « consolider l’unité nationale ».
Sa victoire à la présidentielle du 15 juillet ne faisait aucun doute, tant il règne d’une main de fer sur le destin de ce petit pays de l’Afrique des Grands Lacs depuis le lendemain du génocide de 1994.
Kigali est aussi accusé d’alimenter l’instabilité dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), riche en minéraux, en soutenant les rebelles du M23 qui combattent l’armée congolaise.
« La paix dans notre région est une priorité pour le Rwanda mais elle fait défaut, en particulier dans l’Est de la RDC », a déclaré M. Kagame dans son discours d’investiture. « Mais la paix ne peut être instaurée (…) si la partie la plus concernée ne fait pas ce qui est nécessaire », a-t-il ajouté dans une pique apparemment destinée à Kinshasa.
Le président angolais Joao Lourenco, qui a assisté à la cérémonie de dimanche, devait s’entretenir avec M. Kagame à propos de l’accord de cessez-le-feu en RDC conclu le mois dernier avec la médiation angolaise, a fait savoir Luanda.
L’Angola avait négocié cet accord après une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda. Mais le 4 août, jour où il devait entrer en vigueur, les rebelles du M23, qui se sont emparés de vastes territoires dans l’Est de la RDC depuis le déclenchement de leur offensive fin 2021, ont pris le contrôle d’une ville à la frontière avec l’Ouganda.
Un rapport récent d’experts de l’ONU indique que 3.000 à 4.000 soldats rwandais combattent aux côtés du M23 et que Kigali a « le contrôle de facto » des opérations du groupe.
Interrogé à plusieurs reprises sur le sujet, M. Kagame n’a pas explicitement nié la présence de soldats rwandais en RDC, soulignant à la place la « persécution » de la minorité Tutsi et le risque d’instabilité à la frontière rwandaise.
Source: L’AFP