Par Mohamed Sylla, Juriste-Strasbourg : Depuis des années, la Guinée peine à retenir ses talents. L’exode, particulièrement des jeunes, est devenu un phénomène alarmant. Mais et si une réponse durable se dessinait depuis les contreforts du Mont Simandou ? À des milliers de kilomètres, observant de loin mon pays natal, j’ai mené des recherches approfondies à travers des rapports internationaux, des publications spécialisées et des échanges avec des acteurs locaux et observateurs avertis. Il ne s’agit pas ici d’une vérité absolue, mais d’un regard fondé, lucide et, surtout, tourné vers l’espoir.
Le projet Simandou, longtemps qualifié de mirage, semble enfin prendre forme. Il est peut-être ce levier que la Guinée attendait depuis des décennies pour se hisser parmi les économies émergentes. Entre potentialités économiques colossales, défis humains et ambitions stratégiques, Simandou incarne aujourd’hui plus qu’un projet minier : une vision, et très fortement une réponse à la crise migratoire et un symbole de fierté retrouvée !
Un gisement d’espoir enfoui sous le fer, situé au sud-est de la Guinée, le mont Simandou abrite l’un des plus grands gisements de minerai de fer à haute teneur au monde (65 %), avec des réserves estimées à près de 2,8 milliards de tonnes. Exploité par deux consortiums distincts (WCS (Winning Consortium Simandou) sur les blocs 1 et 2, et Rio Tinto/Chinalco sur les blocs 3 et 4) , ce méga-projet est devenu une priorité nationale, au point que l’État guinéen y détient 15 % de parts dans chaque entité.
L’investissement global s’élèverait à plus de 15 milliards de dollars US, incluant la ligne de chemin de fer transguinéenne de 650 km reliant le site au futur port de Moribaya, en zone côtière et un port en eau profonde, adapté au transport maritime des minerais et l’aciérie et les Infrastructures Industrielles

Aujourd’hui, près de 100 km de rails sont déjà posés, et plusieurs infrastructures de chantier sont opérationnelles, un signal fort dans un pays où les projets d’envergure finissent souvent dans les tiroirs.
La Vision Simandou 2040 entend transformer cette richesse en développement structurant à travers la création directe de dizaines de milliers d’emplois sur les chantiers ferroviaires, portuaires et miniers, le développement d’activités économiques connexes (restauration, logistique, hébergement…) et l’augmentation significative des revenus de l’État grâce aux taxes, royalties, dividendes et infrastructures.
Selon des estimations crédibles, le projet pourrait générer entre 1,5 et 2 milliards de dollars de revenus par an à maturité, soit plus de 20 % du PIB actuel du pays. Une manne qui, si elle est bien gérée, pourrait financer des infrastructures de santé modernes, un système éducatif de qualité, des réformes agricoles pour renforcer l’autosuffisance et enfin la mise en place d’un fonds souverain garantissant un avenir aux générations futures.
Les avancées concrètes enregistrées sur le chantier de Simandou témoignent d’un pilotage rigoureux et d’un engagement des parties prenantes à livrer un projet d’envergure dans les règles de l’art. Les consortiums impliqués, en lien étroit avec l’État guinéen, ont mis en place une gouvernance technique robuste pour garantir la qualité, la sécurité et l’impact durable de l’ensemble des travaux.
Des rapports exploités mettent en évidence que des mesures d’encadrement strictes ont été instaurées dès le lancement opérationnel. Au nombre desquels figurent :
- Des normes de sécurité renforcées encadrent désormais tous les chantiers ferroviaires, portuaires et miniers.
- Une charte environnementale a été adoptée pour protéger les écosystèmes traversés par le projet.
- Des mécanismes de dialogue communautaire sont activement déployés pour associer les populations locales à la dynamique du projet
Le rapport du Fonds monétaire international FMI « Guinea : Selected Issues » de Mai 2024 évalue les impacts économiques du projet Simandou sur la Guinée. Il estime que la production débutant en 2025 pourrait augmenter le PIB réel de 26% d’ici 2030. Le rapport souligne également que des investissements dans l’éducation et les infrastructures pourraient renforcer la croissance et réduire la pauvreté.
Par ailleurs, des comités de suivi Multi sectoriels (État, opérateurs, société civile) veillent régulièrement à la bonne exécution du projet, assurant transparence et efficacité. La mise en œuvre de ces dispositifs renforce la confiance autour de Simandou et assoit la volonté nationale de faire de ce projet un exemple de réussite économique et sociale pour la Guinée et pour l’Afrique.
La Vision Simandou 2040, c’est la conviction qu’au-delà de l’exploitation brute des ressources, le pays doit construire un modèle Inclusif, en intégrant les communautés rurales dans la gouvernance locale du projet ; Durable, en respectant les équilibres écologiques et sociaux ; et enfin transparent, en publiant régulièrement les revenus tirés du projet et leur affectation.
Des initiatives telles que la formation d’ingénieurs guinéens sur les chantiers, le développement de PME locales ou la construction d’écoles et de dispensaires autour du corridor minier sont déjà visibles autant de signaux encourageants qu’il faut multiplier. Simandou n’est pas une baguette magique. C’est un test. Celui de la capacité de la Guinée à rompre avec la malédiction des ressources naturelles, celui d’un peuple à s’unir pour transformer une richesse dormante en moteur de dignité.
L’article de The Guardian publié le 18 mars 2025, intitulé «A ‘bridge to prosperity’? Guinea’s junta touts opening of mining megaproject », offre une analyse approfondie du projet Simandou en Guinée. Cet article examine les ambitions du gouvernement guinéen concernant le projet, le présentant comme un « pont vers la prospérité ».
Pour la jeunesse guinéenne, Simandou incarne une promesse d’avenir, un moteur d’ambition à accompagner et à faire vivre. Pour les partenaires internationaux, il représente une occasion unique de bâtir ensemble un développement équitable et durable. Pour les décideurs, c’est le moment historique d’ancrer la Guinée dans une nouvelle ère de progrès, d’innovation et de rayonnement régional.
De l’ombre à la lumière, Simandou n’est pas une légende. Il est peut-être le récit fondateur d’une Guinée nouvelle : Les mines, Le Chemin de Fer TransGuinéen, Le Port en Eau Profonde de Moribaya, L’Aciérie et les Infrastructures Industrielles
Mohamed Sylla,
Juriste – Strasbourg France